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H… Habitation

Lorsqu’il est question de maisons familiales, je parle sans doute un peu trop souvent de la ferme de la Couronne, la plus ancienne et plus belle propriété familiale dont j’ai connaissance (j’en parle sur cette page). Pourtant, il y a une autre maison dont je pourrais parler : il s’agit d’une maison située à Lobbes, près de La Louvière en Belgique.

La maison vers 1905

Cette maison, une ancienne ferme, semble avoir été bâtie vers le début du XXème siècle. Achetée dans les années 30 par Désiré Druenne et son épouse Anna Briquet (je parle d’eux ici), elle fut rénovée à plusieurs reprises par Désiré, puis plus tard par son fils Jacques. C’est dans cette maison que décédèrent Désiré (en 1950) et son fils Jacques (en 1990). En 1956, à l’occasion du mariage de Jacques avec Mary Reul, Anna déménagea dans les anciennes écuries aménagées à cet effet, dans la partie gauche de la maison. Jacques et Mary s’installèrent donc dans la partie principale, où ils élevèrent leurs enfants.

Autrefois, les fermiers qui habitaient la maison n’étaient installés que dans la cave, qui était pour cette raison entièrement carrelée. Ils gardaient le rez-de-chaussée propre et net pour leurs jours de réception.

La maison fut revendue en 2000 par Mary. De nos jours, le bel étang qui se trouvait dans la propriété et les arbres qui, au fil des ans, cachèrent la façade, ne sont plus visibles.

Jacques, sa mère Anna, "Madame Massart" et Désiré devant la maison, vers 1940

F… Franc-maçonnerie

Si la branche de Druenne dont je suis issu a longtemps, à ma connaissance, conservé une foi catholique assez « traditionnelle », Désiré Druenne semble avoir été le seul à s’approcher de la franc-maçonnerie. Je me suis intéressé ici à l’histoire qui le lie à ce mouvement philosophique.

Tout a commencé le 7 décembre 2016. Ce jour-là, mon attention est attirée par un message envoyé via le formulaire de contact de ce site : un homme me contactait au sujet d’un certain Marcel Hecq, poète wallon du XXème siècle et ami de mon arrière-grand-père Désiré Druenne (j’en parle ici) et dont il était question dans cet article. L’objet : en savoir plus sur ce Marcel Hecq.

Lucien, Marcel et Désiré

Marcel avait été un Franc-Maçon engagé et avait participé à la fondation de la loge Union et Charité Georges Pirson à l’Orient de La Louvière, en Belgique. Initié à la loge La Charité à l’Orient de Charleroi, c’est en 1938 qu’il s’est affilié à l’Orient de La Louvière. Marcel et Désiré étaient amis avec Lucien Dufrasnes, initié à la Respectable Loge La Parfaite Union à l’Orient de Mons en 1930 et affilié lui aussi à la loge Union et Charité Georges Pirson de La Louvière le 3 janvier 1935 – il en fut d’ailleurs le Grand Maître de 1945 à 1947.

Marcel et Désiré étaient des amis d’enfance. Ils semblent s’être rencontrés à l’école communale de Maurage, dont j’ai parlé dans cet article. Leurs lettres, échangées pendant plusieurs années, font état d’une belle amitié parfois complexe et pleine de malice. Elles devaient avoir beaucoup de valeur aux yeux de Désiré, car elles sont pratiquement les seules qui aient été conservées de ce côté de la famille. Écrites lorsque Marcel et lui étaient adolescents, elles contiennent notamment un portrait de Désiré et un poème écrit de la main de Lucien, qui était manifestement à l’école avec eux.

On peut supposer qu’une telle compagnie a pu donner des idées au jeune Désiré. Les lettres de Marcel mentionnent même certaines expressions caractéristiques de la franc-maçonnerie d’après-guerre : mots-clés, réunions secrètes, etc. Toute sa vie, Désiré fréquente des écoles non-catholiques : après l’école communale de Maurage, il fera des études supérieuses à l’Institut Supérieur de Commerce de Mons (actuellement UMons). Pourtant, rien n’indique que Désiré ait un jour prononcé un quelconque engagement franc-maçon. Bien au contraire : après son service militaire (vers 1927) et son mariage (en 1929), il semble être revenu à une foi catholique plus « conventionnelle ». Ses amis, cependant, continuèrent à s’engager profondément dans leur nouvelle loge de La Louvière, ainsi que dans le milieu artistique. En 1925 déjà, Lucien publiait Pantaléon : comédie en un acte (Verviers, l’Avant-Poste), alors que Marcel se lançait, dès ses dix-huit ans, dans la poésie wallonne.

E… École

Il y a, quelque part dans les archives familiales, un document trop grand pour être facilement placé dans un classeur ou un tiroir, et qui s’en trouve souvent oublié au sommet d’une armoire. Pourtant, il s’agit d’un beau souvenir familial, que j’ai décidé d’explorer aujourd’hui : il s’agit du diplôme de primaire de mon arrière-arrière-grand-père, Georges Druenne (1879-1931).

Qui est Georges ?

Georges est né à Maurage, près de La Louvière en Belgique, le 5 octobre 1879. Il est le fils de Désiré Druenne et le petit-fils de Désiré Druenne ; ce prénom – Désiré – se transmet dans la famille pendant plusieurs générations. Lui-même porte « Désiré » comme deuxième prénom et le transmettra plus tard à son fils unique, Désiré Druenne.

Scolarisé à l’école communale de Maurage, Georges en conservera son diplôme final, qui parvint en excellent état jusqu’à nous :

Royaume de Belgique – Ministère de l’intérieur et de l’instruction publique – Province de Hainaut – Concours de l’année 1891 entre les élèves de la division supérieure des écoles primaires du canton scolaire de Mons.

Le jury chargé d’apprécier le travail des élèves des écoles primaires qui se sont présentés au concours du 2 juillet 1891 certifie que le sieur Druenne Georges, né à Maurage le 5 septembre 1879, élève de l’école primaire communale de Maurage a fréquenté avec succès la division supérieure de ladite école et qu’il a satisfait aux prescriptions de l’article 5 du règlement du concours, et qu’il a obtenu 195,2 points sur le maximum de 220 points attribués à un travail parfait dans l’ensemble des branches obligatoires ci-après indiquées : la langue maternelle, les éléments du calcul et du système métrique, l’écriture, la géographie, l’histoire de Belgique, le dessin, l’agriculture […].

Fait à Mons, le 24 septembre 1891. Pour le jury, Le secrétaire […] Le Président […]
Signature du porteur du certificat […].

Bruxelles, le 24 septembre 1891, vu le ministre de l’intérieur et de l’instruction publique.

Quelques jours avant ses douze ans, voilà donc Georges fraîchement diplômé et prêt à continuer les études qui le feront devenir ingénieur des mines. Il est le premier de sa famille à faire des études supérieures, ses ancêtres ayant été de petits exploitants terriens et ouvriers dans le bâtiment. Lorsqu’il se marie, le 18 avril 1903, Georges est cependant encore assez pauvre pour obtenir un certificat d’indigence lui permettant, à lui et son épouse Alice Durant, de voir les frais administratifs de leur mariage pris en charge par la commune.

À l'école de Papa

Georges a donc fréquenté l’école communale de Maurage, qui existe encore de nos jours, en plein centre de ce petit village hennuyer. Il semble que son fils, Désiré, fit de même, puisque ce dernier y rencontra le poète wallon Marcel Hecq, avec qui il se lia d’amitié et dont les lettres sont parvenues jusqu’à nous. Le père de Georges fit-il aussi sa scolarité dans cette petite école ? Et son père avant lui ? Tout ce que l’on sait à ce jour, c’est que Georges était déjà la cinquième génération à savoir écrire : il faut remonter à Jean-Baptiste Druesne (1725-1788), le Druesne qui, de Forest-en-Cambrésis, vint s’installer à Maurage, pour trouver un ancêtre ne sachant écrire.

À l’occasion de ce Challenge AZ, j’ai lancé une petite recherche sur cette petite école. J’ai envoyé quelques mails, auxquels j’espère avoir bientôt d’intéressantes réponses. Affaire à suivre !

D… Do-Over

À l’occasion du quatrième article de ce Challenge AZ, j’ai décidé de parler d’un grand projet dans lequel je me suis lancé depuis janvier 2017 : un Genealogy Do-Over.

De quoi s'agit-il ?

Avec le temps, le manque d’expérience, la fatigue, la distraction, une mauvaise interprétation, un mauvais renseignement, de petites erreurs viennent inévitablement à s’accumuler dans un arbre généalogique. Lorsqu’il s’agit d’une date mal tapée ou d’une confusion entre une date de naissance et une date de baptême, on peut parler d’une erreur « mineure » ; mais lorsqu’une petite erreur suscite une confusion entre deux personnes, deux générations ou pire encore, ce sont des branches entières de nos arbres qui peuvent se trouver complètement faussées ! Un Genealogy Do-Over est dès lors une remise en question complète des informations généalogiques dont on dispose dans le but de tout vérifier.

Comment faire ?

La méthode est simple. Plus simple, en fait, qu’un véritable retour à zéro : certes, toutes les informations sont à prouver, mais au moins, on sait déjà où chercher ! C’est lorsqu’un acte est introuvable que les questions se mettent à apparaître : et si cette personne n’était pas née à l’endroit et au moment que l’on pensait depuis si longtemps ? Des frères ou soeurs confondus, en double ou mélangés, des informations faussées, des filiations incertaines voire fantaisistes, il s’agit de faire le tri.

Quels résultats ?

Au terme d’une tâche de cette ampleur, le résultat obtenu est parfois décevant (lorsque l’on réalise, par exemple, qu’une branche à laquelle on tenait n’est finalement pas celle que l’on croyait), mais reste généralement extrêmement gratifiant : une fois toutes les informations vérifiées, l’éventuel rapport généalogique obtenu se trouve immensément riche. Sources, histoires, mais aussi des tas de petites informations que la lecture des actes a permis de découvrir s’avèrent extrêmement utiles dans la reconstruction de l’histoire d’une famille.

Le travail est long, mais extrêmement utile. À l’heure des faits alternatifs, dégageons la vérité de toutes les erreurs qui se glissent dans nos histoires familiales : lançons-nous dans un Do-Over collectif !

C… Courrier

Aujourd’hui bien désuète, l’habitude qu’avaient les générations qui m’ont précédé d’envoyer une grande quantité de courrier était profondément ancrée dans leur quotidien. En témoignent les tas de lettres diverses qui furent conservées dans ma famille ; si la plupart de celles issues de la famille Druenne ont disparu lors d’un déménagement en 2000, beaucoup de celles de la famille Reul, ou plutôt Duquesne, du nom de la maman de ma grand-mère paternelle, sont parvenues jusqu’à moi. Quelques-unes cependant ont survécu des autres côtés de ma famille, dont voici quelques exemples.

Regroupées pêle-mêle dans une boîte à chaussures, les lettres Duquesne n’ont pas encore fait l’objet d’une analyse approfondie. Si la plupart d’entre elles ne m’apprendront rien sur ma famille ou n’évoqueront rien pour moi, étant donné qu’il s’agit des lettres reçues, et non envoyées par mon arrière-grand-mère, quelques-unes permettront sans doute de lever un coin de voile sur la personnalité de celle-ci, décédée en 1997. Pour le savoir, il me faudra d’abord passer des heures à décortiquer chacune de ces lettres : affaire à suivre.

Peu nombreuses et peu informatrices mais constituant de mignons souvenirs, une série de lettres de voeux du début du XXème siècle ont survécu. Écrites par Désiré Druenne, son épouse Anna Briquet, leur fils Jacques Druenne ou encore certains de leurs cousins, les lire donne une intéressante idée de la relation qu’entretenaient à cette époque les jeunes enfants avec leurs parents.

De nombreux petits mots, écrits à la hâte sur un carton nominatif, ont étrangement échappé à la poubelle pendant plusieurs dizaines d’années : sales, illisibles ou incompréhensibles, parfois résumés à un seul mot, le hasard a voulu qu’ils continuent, aujourd’hui encore, à faire peser une partie du mystère qui entoure nos ancêtres.

Plusieurs lettres, dont j’ai déjà parlé sur ce site, font état des relations pour le moins tendues entre Désiré Druenne et son beau-père Émile Briquet au sujet de la modernisation des Éts. Briquet-Romain. Ne manquant pas de s’insulter l’un l’autre, tous deux s’opposaient sur l’achat de nouvelles machines plutôt que la réparation des machines existantes.

Certaines lettres, par ailleurs, piquent particulièrement ma curiosité : ce sont celles qui parlent de généalogie. De lointains cousins, que parfois je ne connais même pas, ont par le passé écrit à certains de mes ancêtres pour leur poser des questions au sujet de leur famille. Lorsque cela est possible, je m’empresse de contacter ces personnes, dans l’espoir qu’elles soient encore en vie ; bien souvent cependant, mes messages restent sans réponse.

Certains documents, dont j’ai déjà parlé, ne cessent de retenir mon attention ; je me contenterai ici de les mentionner. Parmi eux se trouve bien évidemment la fameuse lettre d’amour de mon ancêtre Désiré Druenne (env. 1870) ou encore les nombreuses lettres envoyées par Marcel Hecq, futur poète wallon, à son ami Désiré Druenne (pas le même qu’au-dessus : un autre !) au cours de leur jeunesse (1915-1921).

Voilà donc un rapide tour des principales « collections » de lettres que le hasard ou la folie conservatrice de certains ont fait parvenir jusqu’à moi. Des tas d’informations restent à y découvrir, par de longues et patientes lectures, relectures et comparaisons : il ne tient qu’à moi de les découvrir !

B… Bonniers

En ce deuxième jour du Challenge AZ 2017, j’ai décidé, pour la lettre B, de m’intéresser à une église, celle de Lobbes-Bonniers, près d’Anderlues, dans la région de Charleroi en Belgique. Ma famille paternelle a vécu à Lobbes pendant près de 60 ans ; pendant ce temps, bien des choses s’y sont passées.

L'église des Bonniers vers 1914

Tout commence vers 1895 : à cette époque, Émile Briquet, âgé de 25 ans, installe derrière l’église des Bonniers la première version des Établissements Briquet-Romain, où seront fabriqués, pendant plus de trois quarts de siècle, toutes sortes d’équipements métalliques pour usines : machines-outils, escaliers métalliques anti-dérapants, etc. Rapidement, le succès de l’atelier permet à l’entreprise de croître : en 1911 déjà, une délégation de celui-ci est présente à l’exposition de Charleroi.

Pendant la première guerre mondiale, Émile Briquet décide de s’exiler à Paris, où il installe une succursale de son atelier. En rentrant, il agrandit celui-ci à plusieurs reprises, la reconstruction faisant fonctionner celui-ci à plein régime. En 1929, sa fille Anna Briquet épouse Désiré Druenne dans l’église des Bonniers toute proche ; leur photo de mariage fut prise sur le côté droit de l’église, à l’emplacement précis que viendra bientôt recouvrir l’atelier.

L’année suivante, en 1930, leur fils unique Jacques sera (selon ses dires, mais cela n’a pas été vérifié) le premier à être baptisé dans l’église après sa première consécration ; plus tard encore, en 1957, le premier fils de Jacques sera quant à lui le premier à être baptisé dans cette même église fraîchement reconsacrée après un incendie qui l’avait ravagée au cours des années 1950.

Mariage de Désiré et Anna, sur le côté de l'église, en 1929

C’était aussi dans cette église qu’en 1956, Jacques avait épousé Mary Reul, rencontrée par l’intermédiaire du frère de cette dernière, avec qui Jacques avait été à l’école. C’est Jacques qui hérita de la gestion de l’entreprise à la suite de son grand-père Émile et de son père Désiré, décédé en 1950.

En cette même année 1956, enfin, Anna Briquet, fille d’Émile et épouse de Désiré, se porta volontaire pour devenir marraine de la nouvelle cloche de l’église des Bonniers, la précédente ayant été enlevée par les Allemands en 1943. Si l’entreprise ferma définitivement ses portes vers 1976, le bâtiment à côté de l’église resta longtemps en place, même si un incendie le ravagea quelques années plus tard. Il fut ensuite démoli.

L’église des Bonniers contempla ainsi, en un temps relativement restreint, une des périodes les plus passionnantes de l’histoire de cette famille : celle où les Druenne et leurs familles alliées parvinrent à élever leur condition au moyen d’une petite entreprise régionale.

A… Archives

Pour la deuxième fois, j’ai décidé de me lancer dans le Challenge AZ : il s’agit, pour les généalogistes qui le désirent, de publier sur leur site un article par jour (sauf le dimanche) au cours du mois de juin, commençant par chacune des lettres de l’alphabet (retrouvez mes articles de l’an dernier ici).

Un thème pour 2017

Si mes articles de l’an dernier allaient un peu dans tous les sens, j’ai décidé cette année de me concentrer sur l’histoire familiale sous l’angle des archives. Par ce mot, j’entends deux catégories :

Les archives familiales

Trop longtemps, j’ai délaissé les archives familiales, croyant avoir découvert tout ce qu’il y avait à découvrir. Pourtant, relire les documents, faire des rapprochements, des comparaisons et des déductions permet de découvrir de nombreuses histoires, informations et même secrets qui étaient perdus. Au cours de ce Challenge, je me concentrerai donc particulièrement sur les documents dont je dispose et sur la manière dont les exploiter me permet parfois de faire de surprenantes découvertes.

Les archives publiques

Maîtriser les archives publiquement disponibles demande une expertise qui ne s’acquiert, en ce qui me concerne, que très lentement. Ayant l’habitude de mener mes recherches sur plusieurs plans, je suis constamment à la découverte de nouvelles informations, et donc, de nouvelles techniques pour y accéder. En ce moment, je m’efforce notamment de comprendre le fonctionnement des archives canadiennes et américaines, afin d’étudier la généalogie de lointains cousins émigrés.

Des objectifs à long terme

En jonglant avec ces archives, autour desquelles graviteront mes articles au cours du mois qui vient, je vise à avancer dans trois grands projets, distincts mais liés :

Le premier objectif consiste à construire, de manière mi-publique, mi-privée, un site familial le plus complet possible, sur lequel tous pourront retrouver ce que je connais de l’histoire de ma famille et le résultat de mes recherches, et sur lequel les membres de ma famille pourront accéder aux archives familiales privées que je numérise petit à petit. C’est l’objectif sur lequel je suis le plus avancé. En mettant en valeur les archives familiales, ce Challenge AZ me permettra d’y travailler.

Le deuxième objectif est plus ambitieux : il consiste à vérifier toutes les informations généalogiques que j’ai accumulées au fur et à mesure de mes recherches. Je n’ai pas toujours été aussi rigoureux qu’aujourd’hui : il s’agit ainsi pour moi, depuis le début de cette année, de vérifier, une par une, toutes les dates et autres informations de mon arbre. J’en parlerai dans un prochain article. Ce projet étant impossible sans les archives publiques, m’intéresser à ces dernières au cours de ce Challenge me fera le plus grand bien !

Le troisième objectif, enfin, consiste à réaliser un gros rapport généalogique – photos, histoires, arbres généalogiques, index – reprenant toutes mes connaissances au sujet des familles Druesne, Druenne, etc. Dans cette perspective, un approfondissement de mon étude des archives qui sont à ma disposition ne pourra être que positif !

Me voici donc, au commencement de ce mois de juin, armé d’une liste d’idées pour les articles qui viendront illustrer quelques-unes des archives avec lesquelles je travaille.

Des photos pour remplacer la mémoire

Avec le grand déménagement et le grand chamboulement qui viennent de débarquer dans ma vie, mes préoccupations généalogiques ont, pour la plupart, été un peu malmenées au cours du mois écoulé. Aujourd’hui, je m’y remets avec ce rapide petit billet, inspiré du Généathème proposé par la généablogueuse Sophie Boudarel sur son site La Gazette des Ancêtres : « Des photos pour remplacer ma mémoire ». Mon objectif ici n’est cependant pas de présenter quelques photos symptomatiques de ce que fut mon enfance, mais plutôt d’insister (une fois de plus) sur l’importance de sauvegarder la mémoire familiale – et ce, chaque jour !

C’est en réaction contre ce risque permanent de l’oubli de la mémoire familiale proche qu’autant que possible, j’écris, je raconte, je note, j’annote. Photos, souvenirs, objets, récits, rien n’est superflu pour la postérité. Que restera-t-il de nous dans vingt, soixante, cent, deux cent ans ? C’est en bonne partie de nous que cela dépend. Aujourd’hui, de nombreux outils technologiques permettent de consigner le passé de manière facile, stable et sécuritaire. Il n’est pas difficile de numériser ce qu’il nous reste et de copier en divers endroits les souvenirs que nous aurons racontés. Pour ma part, ceux-ci ont pris la forme de plusieurs albums photos, de quelques caisses en carton de souvenirs (pas trop, pour ne pas que le tout soit trop encombrant), et d’un livret où j’ai raconté un maximum de ce que j’ai vécu, ressenti ou pensé à différentes époques de ma vie. De la même manière, je tiens au quotidien un « journal numérique » où je raconte en quelques mots ce qui, de la journée écoulée, mérite que je me rappelle.

Il serait trop encombrant et compliqué pour la postérité de faire le tri entre des pages et des pages de récits insipides du quotidien. C’est tout un art que de trier précieusement les photos, textes et récits qui resteront. L’idéal serait, selon moi, de faire de tout cela un grand livre de l’histoire d’une famille… C’est un de mes grands projets. Mais cela, j’en parlerai dans un prochain article.

Abraham Duquesne, un ancêtre noble ?

En son temps, mon arrière-grand-mère Hermina Duquesne était persuadée que sa famille avait une origine noble, éventuellement liée avec la famille Duquesne de la Vinelle. Avait-elle raison ? C’est ce que j’ai essayé de savoir.

Je connaissais, au début de cette recherche, les ancêtres de mon arrière-grand-mère sur trois générations au-dessus de la sienne :

Louis Duquesne (1791-1858)
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Louis Duquesne (1842-?)
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Victor Duquesne (1874-1942)
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« Mina » Hermina Duquesne (1906-1997)

Il me fallait donc remonter plus loin que ce Louis, originaire de Dunkerque. Des recherches d’actes et de documents divers et variés m’ont permis de retrouver une ou deux générations supplémentaires, avant que, par manque d’archives numérisées, je doive me tourner vers la méthode du coucou : je suis parti à la conquête d’informations sur Généanet. Bien évidemment, ces informations doivent toujours être maniées avec des pincettes, car il n’est pas rare que des erreurs s’y glissent.

Gagné : j’y ai trouvé de nombreuses réponses à mes questions, ou plutôt à celles de mon arrière-grand-mère ! Mais toutes ne sont pas très satisfaisantes. D’une part, il ne semble pas y avoir de lien de parenté entre les Duquesne et les Duquesne de la Vinelle, ces deux familles étant très anciennes (voir sur le site de Thierry Prouvost les ancêtres des Duquesne de la Vinelle) et la seconde ayant été anoblie assez tardivement. Voilà qui est réglé : Bonne-Maman avait tort ! D’autre part, un arbre Généanet indique que les Duquesne de ma famille descendraient d’Abraham Duquesne, marquis et lieutenant général de la Marine française, proche de Louis XIV !

Selon Wikipédia, Abraham « est l’un des grands officiers de la marine de guerre française du XVIIe siècle. Né dans une famille huguenote au début du XVIIe siècle, il embarque pour la première fois sous les ordres de son père, capitaine de vaisseau. Il sert sous Louis XIII pendant la guerre de Trente Ans et se distingue en plusieurs occasions, notamment aux combats de Tarragone et du cap de Gata, mais doit quitter la marine en 1644 après avoir perdu un navire.

Pendant les troubles de la minorité de Louis XIV, il obtient de Mazarin l’autorisation de servir dans la marine royale suédoise, en compagnie de son frère. Il prend part à la guerre de Torstenson qui oppose le royaume de Suède au Danemark et se distingue au combat de Fehmarn en prenant le navire amiral du commandant de la flotte danois Pros Mund. 

Rentré en France, il réintègre la Marine royale et est envoyé en 1669 au secours de Candie, assiégée par les Turcs. Il prend part à la guerre de Hollande (1672-1678) et combat à la bataille de Solebay (1672) et à Alicudi (janvier 1676), mais c’est à la bataille d’Agosta (avril 1676) et à celle de Palerme qu’il se distingue tout particulièrement. Il termine sa carrière avec le grade de lieutenant général des armées navales, freiné dans son avancement par sa religion qu’il refusera d’abjurer malgré l’insistance de Louis XIV et de ses conseillers (Colbert et Bossuet). […] En 1685, il est l’un des très rares personnages autorisé à rester protestant et à pouvoir demeurer en France malgré l’Édit de Fontainebleau, à condition qu’il ne se livre à aucun acte d’allégeance public « à la religion prétendue réformée ». Il demande à émigrer, mais cette faveur lui est refusée, de peur qu’il ne renseigne l’étranger sur l’état des forces navales françaises. […] Une semaine après sa mort, le Roi ordonne que tous ses biens soient mis sous séquestre. À sa veuve on laisse le choix de l’émigration ou de l’abjuration. Cette dernière finit par renier sa foi et peut conserver ses biens. Sur les quatre fils du couple, deux se convertiront au catholicisme, les deux autres émigreront en Suisse. Parmi eux, son fils Henri Duquesne, qui transporte le cœur de son père au temple d’Aubonne, dans le canton de Vaud (Suisse). Ce dernier lui compose l’épitaphe suivante en latin dont voici la traduction :

« Du Quesne fils à son père:
Ce tombeau attend les restes de Duquesne
Son nom est connu sur toutes les mers
Passant, si tu demandes pourquoi les Hollandais
Ont élevé un monument superbe à Ruyter vaincu,
et pourquoi les Français
Ont refusé une sépulture au vainqueur de Ruyter
Ce qui est dû de respect et de crainte à un monarque,
Dont s’étend au loin la puissance,
M’interdit toute réponse ». »

Anobli en 1650 sous le titre de baron d’Indret et en 1682 sous le titre de marquis du Quesne, il prend les armes d’argent au lion de sable, lampassé et armé de gueules.

Voilà un bien illustre ancêtre ! …Sauf que quelque chose me chagrine. Dans l’arbre Généanet dont je parlais,  le nom de l’enfant d’Abraham dont serait issue mon arrière-grand-mère, né en 1635, est inconnu. Comment cela est-ce possible, comment la filiation peut-elle être établie avec certitude dans ce cas ? D’autant plus que dans l’arbre de Wailly et sur Wikipédia, tous les enfants d’Abraham sont nés bien plus tard que cet « enfant inconnu », et celui-ci n’y figure pas. Cela est incohérent… Peut-être ne suis-je pas le descendant d’Abraham Duquesne ? Si je le suis, alors par quelle filiation ? Peut-être le saurai-je un jour…

Un cousin au bagne outre-mer

En 1871, un certain Druenne participe à l’insurrection de la « Commune de Paris ». Il sera ensuite jugé et envoyé au bagne en Nouvelle-Calédonie, avant de rentrer à Paris et d’y commettre un autre forfait. Qui est cet étrange homme ?

Impossible de savoir où Jules César Druenne est né. Seule une indication dans La Gazette des Tribunaux de 1879 laisse deviner qu’il serait né en 1830 (voir tableau). Tout ce que l’on peut savoir de lui, c’est qu’il a eu à plusieurs reprises des démêlés avec la justice. Voici tout ce que je sais à son sujet…

1870 Il est condamné à un mois de prison pour vol. Paris (?) Voir références pour sa condamnation d’octobre 1879.
21-28/05/1871 Il participe à l’insurrection de la Commune de Paris. Paris Wikipedia
1871-1872 Il est jugé pour sa participation à la Commune de Paris, lors du deuxième conseil de guerre permanent du gouvernement militaire de Paris : conseil n°20, dossier n°113, GR 8 J 428. Paris Conseils de guerre et condamnés de la Commune de Paris, p.185
1872  Il est condamné au bagne en Nouvelle-Calédonie suite à sa participation à la Commune de Paris : matricule 2146, cote de référence FR ANOM COL H 78, code de communication FM H78/druennejul. Il est là fait mention d’une déportation simple, et non d’une déportation en enceinte fortifiée – contrairement à ce qui sera expliqué dans les journaux quelques années plus tard ; voir plus bas. Île des Pins, Nouvelle-Calédonie – Archives nationales d’Outre-Mer
– La Commune Vécue, p.408
– Google Maps
Octobre 1879 Ivre, il agresse des agents sur la voie publique, place Cambronne. En conséquence, il est condamné à un mois de prison et cinq francs d’amende. Paris – 31/10/1879, La Gazette des Tribunaux, Paris, p.2 : « Jules César Druenne, quarante-neuf ans, charretier, condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée pour faits relatifs à la Commune, et, en outre, en 1870, à un mois de prison pour vol. À dix heures du soir, place Cambronne, il a été arrêté dans un état d’ivresse manifeste, a traité les agents de canailles, d’imbéciles, ajoutant : « Si je vous tenais dans un coin, je vous bourrerais de coups de poing. » Le Tribunal [de police correctionnelle] l’a condamné à un mois de prison pour le délit, et à 5 francs d’amende pour l’ivresse. Il était arrivé à Paris de l’avant-veille. »
– 1/11/1879, Le Figaro, Paris, p.2 : « Autre amnistié. Celui-là s’appelle Jules-César Druenne. Il a été deux fois condamné, d’abord pour vol, et plus tard à la déportation dans une enceinte fortifiée, pour participation à la Commune. Le Tribunal l’a condamné à un mois de prison, pour avoir traité les gardiens de la paix de canailles, d’imbéciles, et les avoir menacés dans les termes les plus abominables. »
– 4/11/1879, Le Gaulois, Paris, p.2 : « Le tribunal correctionnel jugeait, avant-hier, trois autres amnistiés, prévenus d’outrages aux agents. Le premier, Jules Druenne, charretier, a déjà été condamné, en 1870, à un mois de prison pour vol. Après la Commune, il a été condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée. Arrêté, l’autre soir, en état d’ivresse, place Cambronne, il a traité les gardiens de la paix de « canailles et d’imbéciles », ajoutant : « Si je vous tenais dans un coin, je vous bourrerais de coups de poing. » Le tribunal l’a condamné à un mois de prison pour outrages aux agents, et à 5 fr. d’amende pour ivresse. »
On le voit, de nombreuses informations restent à découvrir au sujet de Jules. Peut-être l’avenir nous en dira-t-il plus ?