Les Druenne de Maurage

Bienvenue sur la page des Druenne de Maurage (Belgique). Dans le cadre d’une recherche généalogique de grande ampleur sur la famille Druesne, seront résumées ici les informations rassemblées au sujet de cette branche de descendants de Druesne. Si vous disposez d’informations à ce sujet, n’hésitez pas à me contacter.

Dernière mise à jour : Janvier 2020

La branche de Druenne établie en Belgique descend de Jean-Baptiste Druenne, né à Forest-en-Cambrésis en 1725 et décédé à Maurage (Hainaut, Belgique) en 1788. Lui-même était issu des Druesne de Forest-en-Cambrésis. Après plusieurs siècles en Belgique, le patronyme a failli disparaître ; né en 1930, Jacques Druenne était le dernier porteur de ce nom parmi les descendants de Jean-Baptiste qui soit susceptible de le transmettre. Cette histoire est racontée plus bas. Désiré Druenne, son père, avait laissé à son fils des consignes à appliquer au cas où les Communistes débarquaient en Europe. Une biographie du père de Désiré, Georges Druenne (1879-1931), peut être trouvée ici, alors que son grand-père Désiré Druenne (1848-1898) nous a laissé une magnifique lettre d’amour écrite vers 1870 à sa future épouse.

Vous trouverez aussi sur ce site une brève histoire des Éts. Briquet-Romain, l’entreprise familiale qui enrichit mes ancêtres de 1895 au choc des années 1970 et une petite enquête menée en 2016 au sujet d’une aquarelle mystérieuse prétendûment réalisée par Désiré Druenne (1904-1950).

De Forest à Maurage

La première apparition

C’est en 1747 que, pour la première fois, un Druenne est mentionné à Maurage, petit village situé à une cinquantaine de kilomètres de Forest-en-Cambrésis. Il s’agit de Jean-Baptiste Druenne, qui épouse Marie Antoinette Bail, le 25 juin 1747.

Le vingt-cinq juin mil sept cent quarante-sept, après la publication des trois bans en cette paroisse, après que nous avons reçu leur consentement mutuel et reçu de nous la bénédiction nuptiale, ont été par nous marié Jean Baptiste Druenne, natif de Foret, âgé de vingt-deux ans, fils de feu Nicolas [Pierre] et de Françoise Clorves [Cloez], et Marie Antoinette Bail, âgée de quarante-un ans, veuve de Nicolas Mary, fille d’Antoine et de Catherine Beuriot, en présence des témoins soussignés, Th. Dumonceau, Gilles J. Buisseret, et Marie Jh François.
Archives de Maurage
Registre des mariages de 1747

Extrait de l’acte de mariage de Jean-Baptiste Druesne et Antoinette Bail, à Maurage, le 25 juin 1747

L'établissement à Maurage

Pourquoi cet homme est-il allé se marier si loin de son village natal ? Ce n’était pas souvent le cas à l’époque. Peut-être Antoine Bail, le père de Marie Antoinette, était-il marchand, voyageant à travers le Hainaut de l’époque ? Cela est possible, car le premier mari de Marie Antoinette, Nicolas Mary, était originaire de Cartignies, situé en France dans la même région que Forest, laissant supposer que Marie accompagnait son père lors de ses tournées. Ce lui aurait permis de rencontrer celui qui deviendrait son mari. De plus, Maurage est assez proche de la chaussée romaine Bavay-Beauvais qui passe par le centre de Forest, ce qui renforce la crédibilité de cette hypothèse.

Alors qu’à Forest les Druesne étaient des propriétaires plutôt aisés, lors de la transition vers Maurage, il semble que la famille ait perdu sa richesse et soit retournée au travail de la terre. Dispute familiale ? Nouvelle ruine de la famille ? Sans doute une consultation assidue des archives de Forest et de Maurage nous en apprendrait-elle plus à ce sujet. Un acte de baptême de la commune de Pommereuil, près de Forest, où s’était installé Robert, frère de Jean-Baptiste, nous permet cependant d’éliminer la thèse de la dispute familiale : en effet, cet acte, daté du 19 avril 1754 (soit après l’installation de Jean-Baptiste à Maurage), le mentionne comme parrain de sa nièce, Marie Catherine Druesne :

L’an 1754, le 17 d’avril, fut baptisée Marie Catherine Druesne, née le même jour à quatre heures du matin, fille de Robert Druesne, ménager, et de Marie Anne Godart, son épouse légitime. Laquelle a eu pour parrain Jean Baptiste Druesne de la paroisse de Maurage et pour marraine Anne Marie Sauvage, jeune fille de cette paroisse, qui ont signé, le père absent.
Archives de Forest
Registre des naissances de 1754

Une dernière hypothèse, désormais infirmée, soutenait que Jean-Baptiste avait eu un enfant illégitime à Forest, alors qu’il n’avait que treize ans. Sa réputation, ainsi ternie, l’aurait amené à chercher à se marier là où sa réputation ne l’avait pas précédé. Cependant, cette possibilité est relativement peu plausible. En effet, Jean-Baptiste était fort jeune pour faire un enfant à une femme de 32 ans… Et l’acte de naissance de l’enfant désigne le père comme un « jeune homme à marier », ce qui est une qualification un peu étonnante en considération de son jeune âge. Une recherche approfondie a cependant fini par fournir un candidat bien plus crédible à la paternité de l’enfant.

Ce n’est que cinq générations plus tard qu’avec Désiré Druenne (1848-1898), la famille cessa le travail de la terre. Si celui-ci devint maçon, son fils Georges (1879-1931) se fit menuisier et ingénieur des mines et son petit-fils Désiré (1904-1950) se lança dans le commerce en héritant des Établissements Briquet-Romain, l’entreprise de son beau-père Émile Briquet (1870-1957).

La quasi-disparition

Après une période de développement de la famille Druenne à Maurage et dans les communes avoisinantes, par un concours de circonstances défavorables, celle-ci faillit disparaître à la moitié du 20ème siècle. En effet, tous les « héritiers mâles » susceptibles de perpétuer la lignée avaient disparu sans laisser d’enfant. C’est ainsi que Jacques Druenne (1930-1990), fils unique de Désiré Druenne (1904-1950, voir plus bas), devint le dernier porteur de ce patronyme au sein de la sous-branche des Druesne de Maurage) qui soit susceptible de le transmettre à sa descendance. S’il n’avait pas eu d’enfant, la branche des Druenne issue de Jean-Baptiste Druesne aurait donc aujourd’hui disparu.

Remarques :

  • Ce graphique ne tient pas compte des Druenne dont la date de naissance et/ou de décès est inconnue ;
  • Ce graphique représente le nombre de Druenne en vie qui descendent des Druenne de Maurage – il ne s’agit donc pas du nombre de Druenne qui vivent à Maurage ;
  • Les enfants nés sous le nom Druenne et l’ayant ensuite perdu suite à une adoption ou une reconnaissance tardive ne sont pas inclus, de même que les descendants des Druenne de Maurage qui ne portent pas ce nom de famille.

Lignée

Cet arbre présente les quatre premières générations de Druenne ayant vécu à Maurage. Les cases grisées sont celles par lesquelles le nom Druenne a été transmis à une descendance connue.

Jean-Baptiste Druenne (1725-1788) est né à Forest-en-Cambrésis (Nord, France) le 22 août 1725. Ses parents étaient Pierre Druesne (1694-1728) et Françoise Cloez (env. 1688-1743). Baptisé le jour-même, ses parrain et marraine sont Éloy Hautecœur (1706-1778) et Antoinette Calier. Jean-Baptiste a un grand frère, Robert (°1724), et une petite sœur, Marie Michelle, qui ne vivra que quelques mois (1727-1728). Le 25 juin 1747, quittant son village natal de Forest-en-Cambrésis, il épouse à Maurage, environ 50 kilomètres plus loin, une femme presque deux fois plus âgée que lui : Marie Antoinette Bail (1707-1778), veuve de Nicolas Mary. Il est probable que ce mariage éloigné marqué par une telle différence d’âge soit le fruit d’un mariage arrangé pour des raisons commerciales. Le 17 avril 1754, à l’occasion du baptême de sa nièce Marie Catherine Druesne (°1754), fille de son frère Robert, il devient le parrain de celle-ci en la paroisse de Pommereuil. À cette époque, il a 28 ans. Jean-Baptiste et Marie Antoinette ont deux enfants : le premier, Louis Joseph (1748-1753), décède en bas âge. Selon la tradition, le second reçut les mêmes prénoms, et vécut jusqu’à l’âge de 83 ans (1753-1836). Veuf le 1er avril 1778, Jean-Baptiste se remarie le 13 juin 1780 à Boussoit avec Anne Jeanne Marie Rocteur (env. 1734-apr. 1788). À cette occasion, il s’installe dans le village de sa nouvelle épouse, où il décède le 31 mai 1788. Il fut enterré le lendemain à Boussoit. À son décès, Jean-Baptiste était journalier, c’est-à-dire petit exploitant terrien, produisant juste assez pour subvenir à ses besoins.

Louis-Joseph Druenne (1748-1753) est le fils aîné de Jean-Baptiste Druenne (1725-1788) et de Marie Antoinette Bail. Il est baptisé le jour-même ; son parrain est Louis François – dont il hérite du prénom, selon la tradition – et sa marraine est Anne Joséphine Lambert, dont il hérite du second prénom. Louis Joseph décède prématurément à l’âge de 5 ans, le 13 janvier 1753.

Louis-Joseph Druenne (1753-1836), fils de Jean-Baptiste (1725-1788) et de Marie Antoinette Bail (1707-1778), est né à Maurage le 6 mai 1753. Ses prénoms lui viennent de son grand frère, décédé quelques mois avant sa naissance (1748-1753). Il est baptisé le jour de sa naissance ; ses parrain et marraine sont Jacques Delsame et Marie Barbe Cornet. Le 9 juillet 1776, à Maurage, il épouse Anne Marie Louise Harpegnies (1742-1827). Tous deux ont cinq enfants :  Rosalie (1776-1853), Jean-Baptiste (°1778), Caroline (1780-1844), Benoît Joseph (1782-1860), et Xavier (1784-1838). Le 14 octobre 1812, il signe l’acte de mariage de son fils Xavier avec Marie Thérèse Druart, et le 24 juillet 1816, celui de sa fille Caroline avec Jean-Baptiste Joseph Dassonville. Le 15 mars 1815, il est témoin du décès de sa belle-fille Victoire Joseph Denis, épouse de son fils Benoît, et quelques mois plus tard, le 6 octobre de la même année, il déclare celui du fils de cette dernière ; dans les deux cas, Louis est seul à signer alors que son fils est absent, probablement trop effondré pour déclarer ces deux décès. Quelques années plus tard, le 10 mars 1827, âgé de 73 ans, il est témoin du décès de son épouse, Marie Louise Harpignies. Louis était un petit exploitant terrien. Il décède à Maurage à l’âge de 83 ans, le 11 juillet 1836, dans la maison de son beau-fils, Jean-Baptiste Dassonville.

Rosalie Druenne (1776-1853) est née le 9 décembre 1776 à Maurage de Louis Druenne (1753-1836) et d’Anne Marie Louise Harpegnies. Elle est baptisée le jour de sa naissance. Elle reçoit son prénom de sa marraine Rosalie Daumerie, et son parrain est Guillaume Harpegnies, son oncle paternel. Le 26 septembre 1791, à Bray, elle reçoit le sacrement de confirmation des mains de Mgr Ferdinand de Rohan, archevêque de Cambrai, en même temps que plusieurs membres de sa famille. Le 8 avril 1793, Rosalie fut témoin du mariage d’Antoine Jean Drugmand avec Catherine Ducarme (Maurage). Rosalie resta célibataire et n’avait pas de profession lorsqu’elle décéda à Maurage le 14 juillet 1853.

Jean-Baptiste Druenne (°1778) est né le 23 août 1778 à Maurage. Ses parents sont Louis Joseph François Druenne (1753-1836) et Anne Marie Louise Harpegnies (1742-1827). Lors de son baptême, célébré le jour de sa naissance, il reçoit pour parrain Jean-Baptiste Druenne et pour marraine Agnès Cornet. Si son parrain, dont il a hérité du prénom selon la tradition de l’époque, est désigné comme son oncle paternel, tout porte à croire qu’il s’agit d’une erreur ; son parrain serait en réalité son grand-père, Jean-Baptiste Druenne (1725-1788). En effet, rien ne mentionne l’existence d’un frère de Louis Joseph François ayant vécu. Le 26 septembre 1791, il reçoit à Bray le sacrement de confirmation de Mgr Ferdinand de Rohan, archevêque de Cambrai, avec plusieurs membres de sa famille. Le 26 juin 1796 et le 2 octobre de la même année, à Maurage, il devient parrain d’une certaine Ursmarine Navez, fille de Jacques Navez et Célestine Roulez, et d’un certain Jean Joseph Drugmant, fils de Jean Joseph Drugmant et de Constance Joseph Wilgaux. Au-delà de cette date, Jean-Baptiste ne laisse plus de trace. Il est probable qu’il ait été s’établir dans une autre commune afin de s’y marier.

Caroline Druenne (1780-1844) est née et baptisée à Maurage le 10 novembre 1780. Ses parents sont Louis Druenne (1753-1836) et Anne Marie Louise Harpegnies. Le 26 septembre 1791, elle reçoit à Bray le sacrement de confirmation des mains de Mgr de Rohan, archevêque de Cambrai, avec plusieurs membres de sa famille. Le 20 août 1795, elle devient marraine de Jean-Baptiste Boulet, fils de Charles Louis Boulet et Marie Joseph Damien. Comme le reste de sa famille, Caroline travaillait humblement la terre. Le 24 juillet 1816, elle épouse Jean-Baptiste Joseph Dassonville (1788-1875) à Maurage ; ses frères Benoît et Xavier, ainsi que son beau-frère Victorien Dassonville, en furent témoins. Ensemble, Jean-Baptiste Joseph et Caroline ont trois enfants : Adèle (1817), Pierre Joseph Augustin (1819) et Adélaïde (1823). Caroline décède à Maurage le 2 janvier 1844.

Benoît Druenne (1782-1860) est né à Maurage le 20 mars 1782. Ses parents sont Louis Joseph Druenne (1753-1836) et Anne Marie Louise Harpegnies (1742-1827). Il est baptisé le lendemain. Ses parrain et marraine sont Alexis Nicolas Joseph Dehon et Marie Philippe Decamps. Le 26 septembre 1791, à Bray, il reçoit le sacrement de confirmation de Mgr Ferdinand de Rohan, archevêque de Cambrai, avec plusieurs membres de sa famille. L’essentiel de son activité tourne autour du travail de la terre : tantôt ménager, tantôt ouvrier moissonneur, tantôt journalier, Benoit était un modeste propriétaire. Le 17 novembre 1813, il épouse Victoire Joseph Denis (1786-1815), de qui il a un fils, Louis-Joseph (1815-1815). Hélas, son épouse décède peu après avoir donné naissance à son fils, le 14 mars 1815, et quelques mois plus tard, le 5 octobre, c’est le tour de Louis-Joseph de rendre son dernier soupir, alors qu’il n’a que sept mois. Benoît, effondré, n’assistera à la déclaration de décès ni de son épouse, ni de son fils. Mais la vie continue pour lui et le 25 novembre 1817, il se remarie à Havré avec Marie Anne Motte (1779-1852), qui lui donne un fils : Désiré (1818-1903). Le 24 juillet 1816, Benoît est témoin du mariage de sa sœur Caroline avec Jean Joseph Dassonville. Bien plus tard, le 30 novembre 1852, âgé de 70 ans, Benoît perd son épouse. Il décède huit ans plus tard, le 1er novembre 1860, à Maurage. Par manque de place, sa première épouse (Victoire Denis) et son premier fils (Louis-Joseph) ne sont pas indiqués dans l’arbre ci-dessus.

Louis Joseph Druenne (1815-1815) est né le 19 février 1815 de Benoît Joseph Druenne (1782-1860) et Victoire Joseph Denis (1786-1815). Ses parents lui donnent probablement ses prénoms en honneur de son grand-père, Louis Joseph François Druenne (1753-1836). Hélas, Louis décède prématurément à l’âge de sept mois, le 5 octobre 1815 à Maurage, quelques mois après sa mère, décédée le 14 mars 1815. Ils laissent leur père effondré, comme en témoigne l’absence de celui-ci tant lors de la déclaration du décès de son épouse que lors de celle de son fils. Louis, son père, semble lui avoir été d’un grand soutien. Par manque de place, Louis Joseph et sa mère ne sont pas indiqués dans l’arbre ci-dessus.

Désiré Druenne (1818-1903) – Voir plus bas.

Joseph Druenne (1817-1879) Voir plus bas.

Désiré Druenne (1818-1903) est né le 28 août 1818. Il est le fils de Benoît Druenne (1782-1860) et de Marie Anne Motte (1779-1852). Son père ayant été précédemment marié à une femme de qui il avait eu un premier fils qui étaient décédés prématurément tous les deux en le laissant bien en peine, Désiré reçut probablement son prénom en écho au profond désir de son père d’avoir une descendance. On sait peu de choses de la jeunesse de Désiré ; après les documents faisant acte de sa naissance, il faut ensuite attendre le 14 avril 1847, jour de son mariage avec Virginie Alexandrine Parée (1816-1883)[1]. D’elle, il a cinq enfants : Désiré (1848-1898), Mélanie (°1850), Jean Baptiste (°1852), Adélaïde (1856-1938) et Joséphine (1858-1925). Désiré est ensuite mentionné comme témoin des décès de ses parents le 1er décembre 1852 et le 2 novembre 1860. Comme eux, Désiré travaillait la terre. Il décède à son tour le 7 juin 1903 à Maurage. Son fils Jean Baptiste signe son acte de décès.

Désiré Druenne (archives familiales)

Désiré Druenne (1848-1898) est né le 5 juillet 1848 à Maurage, dans le Hainaut. Fils de Désiré Druenne (1818-1903) et Virginie Alexandrine Parée (1816-1883), il est l’aîné d’une famille de cinq enfants. Lors de sa naissance furent témoins Désiré Desenfans, officier d’état civil, Désiré Druenne, son père, Philippe Dehon et enfin Félix Quertinmont. Désiré devient maçon. Le 5 mai 1868, lors de la levée de 1868 à Maurage, il est engagé dans l’armée. Le même jour, il arrive à Anvers et est intégré au 6ème régiment de ligne, 2ème bataillon, 5ème compagnie, dans le fort 7, un des forts qui entouraient alors la ville. Aujourd’hui, le fort 7 a disparu ; le fort en lui-même a été démoli, et à sa place se trouve une réserve naturelle. Depuis le ciel cependant, on reconnaît encore nettement la forme caractéristique de l’ancien fort. Dans son carnet militaire, daté de cette époque, il est décrit comme haut de 1,61 mètre, vacciné en 1864, le visage long, le front haut, les yeux gris, le nez ordinaire, la bouche moyenne, le menton rond, et les cheveux et sourcils châtains. Dans ce même carnet, nous conservons précieusement le relevé de ses comptes et achats de matériel militaire entre le 7 mai 1868 et juillet 1873. Le 21 novembre 1868, six mois et demi après son arrivée, il devient caporal, et le 15 mai 1870, il est promu sergent. En 1870, il combat lors de la guerre en Belgique.

C’est au cours de son service militaire à Anvers que Désiré écrit un jour une lettre d’amour à celle dont son cœur s’était épris : Hortense Carlier. En voici un extrait[2] :

Vous savez Hortense que depuis longtemps mon cœur palpite en pensant à votre personne, malgré les disgrâces que je me suis accumulé à cause de vous. Combien de fois le jour et la nuit je me suis dit : oh, si j’avais le bonheur d’être aimé d’une personne qui me paraît si aimable, telle que vous, il me semble que mon cœur serait soulagé d’une manière inexprimable.
Désiré Druenne
Vers 1870

Lettre d’amour de Désiré Druenne à Hortense Carlier (env. 1870, archives familiales)

L’écriture est gracieuse, le papier usé ; on peut croire que cette lettre charma le cœur d’Hortense, puisque le 1er mai 1878, âgé de 29 ans, Désiré épouse à Maurage cette demoiselle, âgée de 23 ans. Désiré et Hortense ont un fils, appelé Georges (1879-1931).

Mariage de Désiré Druenne & Anna Briquet, Lobbes, 1929 – Florence Carlier serait assise à la droite du marié
(arch. familiales)

Le 23 mars 1898, à neuf heures du matin, Joseph Sclifet, 43 ans, garde champêtre et Joachim Cornil, 70 ans, tous deux voisins de Désiré, annoncent à l’officier de l’état civil de Maurage que celui-ci y est décédé la veille, le 22 mars 1898, vers 17h30, dans la section des Braicheux. Il était âgé de 49 ans. Son père, Louis, est à cette époque encore vivant, mais sa mère est déjà décédée. Son épouse, quant à elle, décède le 13 décembre 1930 à Maurage, âgée de 76 ans. On peut l’apercevoir seule sur la photo du mariage de son petit-fils Désiré Druenne (1904-1950), le 13 avril 1929 – juste à côté du marié.

Georges Druenne (à d.) et Alice Durant (à g.), prob. vers 1930 (archives familiales)

Georges Druenne (1879-1931) – Le 5 octobre 1879 naît à Maurage Georges Désiré Druenne, fils de Désiré et d’Hortense Carlier. Il est baptisé le lendemain. Après ses études primaires et secondaires, il devient menuisier modeleur puis ingénieur des mines. Le 18 avril 1903, il épouse à Maurage Alice Durant, fille d’Henri Durant et d’Anna Carlier. Celle-ci donnera naissance à leur fils Désiré Druenne le 22 novembre 1904. Georges décède à Haine-Saint-Paul le 16 septembre 1931, quelques mois après son épouse.

Désiré Henri Georges Druenne (1904-1950) est né à Maurage le 22 novembre 1904. Il est le fils de Georges Druenne (1879-1931) et d’Alice Durant (1881-1930). Il étudie à Mons, à l’Institut Supérieur de Commerce (devenu institut Warocqué, puis Université de Mons en Hainaut et enfin Université de Mons) ; il y côtoie, entre autres, le futur poète wallon Marcel Hecq, l’auteur franc-maçon Lucien Dufrasne et un certain Marc Vanderborght, qui dessinera une affiche publicitaire pour la revue étudiante de l’institut, le Mercure Déchaîné. Au terme de ses études, Désiré devient ingénieur commercial. Le 14 juin 1925, il devient parrain de Jacques Metens, né le 5 juin de la même année à Haine-Saint-Pierre. Le 13 avril 1929, il épouse Anna Briquet, fille d’Émile Briquet et Clémence Romain. Il s’installe alors avec elle dans une petite maison de Lobbes, à proximité des Établissements Briquet-Romain, l’entreprise du père d’Anna. C’est dans cette maison que tous deux donnent naissance à leur fils Jacques. Vers 1940, Désiré et Anna achètent la « villa Gervais », une grande maison de Lobbes. C’est là que décéderont subitement Désiré en 1950 (le 23 septembre, d’une crise cardiaque – il est enterré au cimetière de Lobbes), puis son fils Jacques en 1990 (le 26 février, d’une crise cardiaque – cimetière de Lobbes également). Après le décès de son mari, Anna devient le 20 novembre 1956 la marraine de la nouvelle cloche de l’église des Bonniers à Lobbes, installée après l’incendie de l’église survenu le 15 février 1956[3]. Anna aimait dessiner et possédait un certain don, mais n’était jamais satisfaite de son travail et ne gardait que très peu de ses travaux[4].

Désiré Druenne, vers 1929 (archives familiales)

Jacques Druenne (1930-1990) aurait été le premier enfant à être baptisé dans la nouvelle église du Sacré-Cœur de Lobbes-Bonniers[5], qui fut élevée au rang de paroisse le 11 avril 1930[6]. Il épousa Mary Reul, fille de Lucien Reul et Mina Duquesne, le 14 juillet 1956. Décoratrice florale, cette dernière fut interviewée par le quotidien belge Le Soir en 1989[7]. Le couple donna naissance à cinq enfants. Tous eurent à leur tour une descendance.

Parents renommés

Claire Coombs, née le 18 janvier 1974 à Bath, est depuis 2003 l’épouse du prince Laurent de Belgique, frère du roi Philippe de Belgique. Elle porte le titre de princesse de Belgique (informations issues de Wikipédia). Elle est issue de la famille Parée, au même titre que les descendants de Désiré Druenne (1848-1898).

Mademoiselle,

Vous direz peut-être que je prends beaucoup de liberté de vous adresser cette lettre, n’étant pas sûr qu’elle sera acceptée.

Vous savez Hortense que depuis longtemps mon cœur palpite en pensant à votre personne, malgré les disgrâces que je me suis accumulé à cause de vous.

Combien de fois le jour et la nuit je me suis dit : « Oh, si j’avais le bonheur d’être aimé d’une personne qui me paraît si aimable, telle que vous, il me semble que mon cœur serait soulagé d’une manière inexprimable.

Une chose que je voudrais c’est de me dire à la première occasion si vous avez un peu d’amour pour moi, oui ou non, il ne vous en faut pas beaucoup, si vous en aviez seulement la dixième partie de ma part j’en serais heureux.

Quand bien même ce serait non, mon amour resterait toujours attaché au même cœur que depuis longtemps aspire l’ardent.

Vous direz peut-être qu’il y a des garçons fous d’écrire à une fille étant sûr de ne pas avoir réponse.

Si toutefois cette lettre ne vous convenait pas, veuillez la brûler (?) et me le faire savoir soit lors de mon retour soit dans huit ou quinze jours au plus tard.

Veuillez agréer mes sincères amitiés

Druenne Désiré sous-officier au 6ème régiment de Ligne, au fort 7 à Anvers

Source : Archives familiales de l’auteur.

L’art floral est un art qui n’a pas encore vraiment acquis ses lettres de noblesse. Et pourtant, les amateurs de fleurs et de bouquets sont d’authentiques artistes, qui manipulent avec créativité des fleurs, qui les marient à des supports classiques ou saugrenus en vue d’une composition esthétique. Cet art subtil fait actuellement l’objet d’un cours, enseigné aux ateliers créatifs de Lillois par un maître en la matière, Mary Druenne.

Mary Druenne ne sait plus vraiment comment a démarré sa passion pour les fleurs. Elle a toujours été sensible aux bouquets qui font partie de son univers de femme. Rien d’étonnant dès lors qu’elle se soit intéressée à cette association d’amateurs de fleurs, réunis sous le nom de « Belgium Flowers Arrangement Society ». Les quelque deux mille membres de ce mouvement se retrouvent régulièrement lors d’expositions, de travaux communs (décoration de la cathédrale Sainte-Waudru à Mons l’été dernier, décoration de l’église du Sablon pour le mariage de la princesse Astrid…), passent différents examens pour accéder à des grades qui leur permettent d’enseigner l’art des fleurs… Bref, ils s’adonnent pleinement à leur hobby. Le respect des règles est primordial mais la consigne principale est la créativité. C’est ainsi qu’ils se laissent imprégner et influencer par les tendances du moment. Pour exemple, citons le style anglais, classique et touffu, lequel contraste singulièrement avec les modernes créations italiennes qui privilégient la sobriété et le dépouillé. Le style belge s’en rapproche d’ailleurs énormément. L’art floral en Europe n’est pas étranger à la tradition des bouquets japonais : il s’en inspire tout en faisant abstraction de cet aspect statique et traditionnel, propre aux Japonais.

Au départ, tous les bouquets étaient catalogués dans le genre classique, régis par des règles très strictes : respecter un nombre impair de fleurs ; présence d’un point focal ; jamais deux fleurs à la même hauteur… Le bouquet moderne n’attachait par contre pas d’importance à la quantité de fleurs. Il variait à l’infini les supports (souches, coquillages, vannerie, fer à repasser…). C’est l’esthétique qui doit primer, la technique étant seulement considérée comme un outil.

Les hommes aussi

Et cette créativité peut se manifester de multiples façons, comme l’explique Mary Druenne : Cette semaine, j’ai eu une idée de génie en trébuchant sur un treillis de poule. Je l’ai convenablement enroulé et j’y ai accroché des grappes de fruits, des entrelacs de fleurs. C’était superbe ! Chaque année, avec mes élèves je crée une crèche. Il suffit parfois d’une souche en forme de bois de cerf pour composer, fleurs et boules à l’appui, une ravissante crèche de Noël. Pour éviter les traditionnels problèmes d’épines de sapin, je fabrique chaque année mon sapin : des sapins de carton posés de biais qui sont décorés de masses de boules argentées. Une bougie gigantesque traverse la composition de part en part tandis que des feuilles argentées jaillissent des pieds de ces conifères. Vous savez, c’est tellement facile de s’exprimer avec des fleurs et cela touche toujours le cœur des gens. Pour les cadeaux de fin d’année, je réalise notamment autour du goulot de la bouteille de whisky une légère composition fleurie qui personnalise le cadeau.

Les cours d’art floral s’adressent aussi bien aux hommes qu’aux femmes : l’esthétique s’apprend, l’harmonie des couleurs et des formes aussi. Mes élèves comprennent rapidement quel genre de bouquet convient pour un buffet haut ou pour une table basse ; quelles couleurs associer à une pièce foncée ou claire. Il y a une règle d’or à ne pas oublier : petite fleur, petit vase et petit bouquet !

Les ateliers créatifs de Lillois où se déroulent les cours d’art floral en sont déjà à leur septième année d’enseignement. Certains amateurs particulièrement assidus se sont aujourd’hui spécialisés. C’est pourquoi Mary Druenne donne à la fois des cours d’initiation et des cours de perfectionnement. Elle-même se perfectionne chaque semaine auprès de spécialistes étrangers et belges.

L’exotisme a la cote

L’art floral est un hobby qui ne coûte pas les yeux de la tête. Les cours, divisés en trois semestres, ont lieu tous les 15 jours. Il suffit d’y amener ses fleurs, son support, quelques accessoires tels que de la mousse en brique et le tour est joué. Le premier cours débute avec une composition de trois fleurs, puis l’on varie à l’infini avec des plantes sophistiquées que l’on se procure chez son fleuriste ou au marché, avec des fleurs des champs ou de jardin que l’on cueille tout simplement. Ces cours vont de pair avec une profonde solidarité au sein du groupe. Certaines personnes ramassent dans leur jardin quantité de feuillages et d’herbes, qu’elles distribuent ensuite aux autres. Je pense également que les fleurs ont un rôle social : bien des personnes motivées par leur composition sortent de chez elles pour aller ramasser de la verdure ; c’est un but dans leur journée : elles se sentent moins seules et sont moins enclines à la mélancolie. Quand on s’intéresse aux fleurs, on se surprend à regarder la nature autrement, la moindre mousse ou le plus petit champignon attire le regard et l’admiration. Finalement, on pense les fleurs du matin au soir, on cherche avant de dormir la composition la plus esthétique, on s’amuse en faisant la vaisselle à imaginer des bouquets audacieux… Les fleurs vous transforment la vie.

Comme tout art qui se respecte, les bouquets ont des noms évocateurs à souhait : le Médicis est un bouquet triangulaire qui ne se conçoit que dans un vase Médicis. L’Hogarth (du nom d’un peintre) à la forme d’un S, c’est un bouquet situé à la transition de l’ancien au moderne. La composition De Vucht ne prévoit aucune ligne de biais : les fleurs doivent être dressées et seule la verdure peut être placée horizontalement.

Ces noms sont souvent assortis de tendances voire de modes, dont il est difficile de déterminer les origines : Beaucoup de personnes détestent les œillets en boutonnière car ils ont la réputation de porter malheur ! Ils n’ont d’ailleurs plus la cote actuellement. Les fleurs exotiques sont par contre de plus en plus appréciées ; elles s’accompagnent de feuillages étranges et décoratifs comme ces fines herbes à ours. Il faut encore tenir compte de cette multitude de nouvelles fleurs crées par la main de l’homme et qui n’ont pas fini de nous séduire !

Note : Les stages d’initiation débuteront le lundi 23 janvier à 19 h 30 et le jeudi 26 janvier à 10 heures. Les cours de perfectionnement seront donnés à partir du jeudi 26 janvier à 19 h 30. Pour les inscriptions, s’adresser à Monique Rémy, 337, Grand-Route, à Lillois (Braine-l’Alleud). Tél. : 02-384.41.61.

Des p’tits trucs…

L’art floral ? Une question d’esthétisme, bien sûr, mais aussi une quantité de p’tits trucs techniques, qu’il faut absolument maîtriser pour ne pas abîmer les fleurs lors des manipulations, pour ne pas voir flétrir les superbes montages le lendemain même de leur composition. Mary Druenne, pas avare pour un sou de petits conseils utiles et pas compliqués, nous en dévoile quelques-uns.

Mais avant tout, elle insiste sur les précautions qu’il faut absolument prendre avec certaines fleurs : Quand vous manipulez des bouquets, faites bien attention de ne pas frotter vos mains dans les yeux, de ne pas sucer votre pouce… Les allergies ou empoisonnements vous guettent. N’oubliez pas de vous laver consciencieusement les mains.

En ce qui concerne les fleurs proprement dites, il faut savoir que chacune d’elles a droit à son petit traitement de faveur. Vous recevez des roses, l’une d’elles incline la tête, plongez-la rapidement dans un fond de baignoire. Couchée de tout son long, elle reprendra vie. Pour les tulipes, agissez autrement : commencez par couper l’extrémité blanche de la tige et serrez le bouquet dans un papier journal, laissez-le ensuite reposer une nuit entière les pieds dans un seau d’eau. Si cette opération vous semble trop longue, traversez d’une aiguille la tige de la tulipe juste en-dessous de la fleur. Le Gerbera que l’on achète, la tige dressée par un fil de fer, ne supporte pas que l’on coupe ses extrémités sauf si cette opération se fait sous le jet d’eau car la plante aspire alors une grande bouffée d’eau !

Venons-en au lilas. Première chose : débarrassez-le de toutes ses feuilles, puis coupez la branche de biais et martelez-la. Dans les champs, ce sont plutôt les pavots et les coquelicots que l’on croise. Ces plantes sitôt cueillies, perdent toute leur sève et flétrissent immédiatement. Que faire ? La cautérisation est la seule solution.

Les fleurs à sécher nécessitent un traitement spécial : fraîches, elles seront suspendues la tête en bas dans un local obscur et sec. Et le tour est joué ! Mais ne vous aventurez pas à sécher un bouquet de mariée. Ce dernier doit faire l’objet d’un traitement spécial et assez compliqué sous peine de perdre tout son éclat et de tomber en miettes au bout de quelques années. Voilà donc quelques petites idées. Si le sujet vous intéresse, il ne vous reste plus qu’à vous inscrire aux ateliers de Lillois…

Source : Burny, « L’art des compositions florales est accessible à tous avec Mary Druenne ». Le Soir.

[1] Virginie Alexandrine était la fille d’Alexandre Parée (1789-1873) et la petite-fille de Michel Joseph Parée (1752-1820). Sa cousine Thérèse Lefebvre (1826-1888), fille de sa tante Marie Thérèse Joseph Parée (1787-1871), est l’ancêtre de Claire Louise Coombs (1974), princesse de Belgique par son mariage (en 2003) avec le prince Laurent de Belgique, frère du roi Philippe de Belgique.

[2] Source : Archives familiales. Une transcription complète de la lettre d’amour se trouve en bas de cette page.

[3] Laloyaux, Petite histoire de la paroisse du Sacré-Coeur à Lobbes-Bonniers; cité dans Dubois et Dubois, « L’église du Sacré-Coeur de Lobbes-Bonniers ».

[4] Source : histoires familiales.

[5] Source : histoires familiales. Après l’incendie de l’église du 15 février 1956, son fils Hubert Druenne aurait été le premier enfant à être baptisé dans l’église fraîchement restaurée sous l’impulsion de M. l’abbé François Libbe. La nouvelle cloche, installée le 20 novembre 1956, sera baptisée par le doyen Edgard Dewelde sous le nom de Louise-Anna-Désirée, en référence à ses parrain et marraine Louis Wanty et Anna Druenne, alors veuve de Désiré Druenne. Voir Laloyaux, Petite histoire de la paroisse du Sacré-Coeur à Lobbes-Bonniers; cité dans Dubois et Dubois, « L’église du Sacré-Coeur de Lobbes-Bonniers ».

[6] La consécration de l’église n’eut cependant lieu que bien plus tard, le 24 août 1968. Voir Laloyaux, Petite histoire de la paroisse du Sacré-Coeur à Lobbes-Bonniers; cité dans Dubois et Dubois, « L’église du Sacré-Coeur de Lobbes-Bonniers ».

[7] Voir en bas de cette page.