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À la recherche du SOSA1000

La numérotation SOSA, vous connaissez ? C’est un système de numérotation des ancêtres directs de la personne dont on étudie la généalogie (appelée « de cujus »). Cette personne porte le numéro 1, son père le double (2) et sa mère le double augmenté de 1 (3). La même règle s’applique pour chaque individu : le père de l’ancêtre 13 portera ainsi le numéro 26 et sa mère le numéro 27. On obtient ainsi une liste continue d’ancêtres. Sur l’idée de Sophie Boudarel, je suis parti à la recherche de mon SOSA1000…

Première chose : qui est mon SOSA1000 vis-à-vis de moi ? 1000 est un nombre pair : il s’agit donc d’un homme – le père du SOSA500, lui-même père du SOSA250, lui-même père du SOSA125. Ce dernier, ou plutôt cette dernière puisqu’il s’agit d’une femme, est la mère du numéro 62, qui est père du numéro 31, lui-même mère du numéro 15 qui est la mère du numéro 7, mère du numéro 3, ce numéro étant celui de ma mère.

Deuxième chose : est-ce que je connais déjà cet ancêtre ? Qui est-il ? Remontons le temps jusqu’à lui…

  • Ma grand-mère maternelle, Cécile Delwiche (SOSA7), est la fille de Blandine Jacob (SOSA15). Cécile est née en 1934.
  • Blandine Jacob est la fille de Maria Devlesaver (SOSA31). Blandine est née en 1899 et est décédée en 1984.
  • Maria Devlesaver est la fille de Jean-Baptiste Devlesaver (SOSA62). Maria a vécu de 1865 à 1938.
  • Jean-Baptiste Devlesaver est le fils de Philippine Martin (SOSA125). Jean-Baptiste est né en 1832 et décédé en 1910.
  • Philippine Martin est la fille de Pierre Joseph Martin (SOSA250). Philippine a vu le jour en 1802 et s’est éteinte en 1879.
  • Pierre Joseph Martin est le fils de Pierre Joseph Martin (SOSA500). Pierre Joseph est né en 1766 et est décédé en 1826.
  • Pierre Joseph Martin est le fils de Philippe Martin (SOSA1000). Il a vécu de 1741 à 1802.

Au cours de toutes ces générations, la famille s’est établie dans différents villages que j’ai replacés sur une carte, à la manière du geomapping que j’ai testé ici. Voici ce que ça donne :

Les flèches rouges indiquent donc les déplacements familiaux alors que les flèches noires indiquent à quelle épingle correspond chaque cadre. Vous voyez que pendant plusieurs siècles, ce côté de ma famille a vécu exclusivement dans le Brabant Wallon ; ce n’est pas le cas des autres côtés de ma famille, essentiellement originaires du Cambrésis, de la Botte du Hainaut et de la région de Herve.

Voilà. Je n’ai pas dû, comme d’autres, faire d’intenses recherches dans le but de trouver mon SOSA1000 : je le connaissais déjà. Il ne reste plus qu’à étudier chacun plus en profondeur, afin d’en savoir plus à son sujet et de reconstruire l’histoire de cette branche de la famille !

Le doc du mois

Suivant le conseil de Sophie Boudarel, je me lance pour la première fois dans un généathème. Il s’agit, en ce mois de février, de raconter l’histoire d’un document familial. Le document en question est tout choisi : il s’agit de la lettre d’amour de mon arrière-arrière-arrière-grand-père à sa future épouse.

Désiré Druenne est né le 5 juillet 1848 à Maurage, dans le Hainaut. Fils de Désiré Druenne et Virginie Alexandrine Parée, il est l’aîné d’une famille de 5 enfants. Lors de sa naissance furent témoins Désiré Desenfans, officier d’état civil, Désiré Druenne, son père, Philippe Dehon et énfin Félix Quertinmont. Désiré devient maçon.

Le 5 mai 1868, lors de la levée de 1868 à Maurage, il est engagé dans l’armée. Le même jour, il arrive à Anvers et est intégré au 6ème régiment de ligne, 2ème bataillon, 5ème compagnie, dans le fort 7, un des forts qui entouraient alors la ville. Aujourd’hui, le fort 7 a disparu ; le fort en lui-même a été démoli, et à sa place se trouve une réserve naturelle. Depuis le ciel cependant, on reconnaît encore nettement la forme caractéristique de l’ancien fort. Dans son carnet militaire, daté de cette époque, il est décrit comme haut de 1,61 mètre, vacciné en 1864, le visage long, le front haut, les yeux gris, le nez ordinaire, la bouche moyenne, le menton rond, et les cheveux et sourcils châtains. Dans ce même carnet, nous conservons précieusement le relevé de ses comptes et achats de matériel militaire entre le 7 mai 1868 et juillet 1873. Le 21 novembre 1868, six mois et demi après son arrivée, il devient caporal, et le 15 mai 1870, il est promu sergent. En 1870, il combat lors de la guerre en Belgique.

C’est au cours de son service militaire à Anvers que Désiré écrit un jour une lettre d’amour à celle dont son cœur s’était épris : Florence Carlier, surnommée Hortense.

Mademoiselle,

Vous direz peut-être que je prends beaucoup de liberté de vous adresser cette lettre, n’étant pas sûr qu’elle sera acceptée.

Vous savez Hortense que depuis longtemps mon cœur palpite en pensant à votre personne, malgré les disgrâces que je me suis accumulé à cause de vous.

Combien de fois le jour et la nuit je me suis dit : « Oh, si j’avais le bonheur d’être aimé d’une personne qui me paraît si aimable, telle que vous, il me semble que mon cœur serait soulagé d’une manière inexprimable.

Une chose que je voudrais c’est de me dire à la première occasion si vous avez un peu d’amour pour moi, oui ou non, il ne vous en faut pas beaucoup, si vous en aviez seulement la dixième partie de ma part j’en serais heureux.

Quand bien même ce serait non, mon amour resterait toujours attaché au même cœur que depuis longtemps aspire l’ardent.

Vous direz peut-être qu’il y a des garçons fous d’écrire à une fille étant sûr de ne pas avoir réponse.

Si toutefois cette lettre ne vous convenait pas, veuillez la brûler et me le faire savoir soit lors de mon retour soit dans huit ou quinze jours au plus tard.

Veuillez agréer mes sincères amitiés.

Druenne Désiré sous-officier au 6ème régiment de Ligne, au fort 7 à Anvers

L’écriture est gracieuse, le papier usé ; on peut croire que cette lettre charma le cœur de la belle, puisque le 1er mai 1878, âgé de 29 ans, Désiré épouse à Maurage cette demoiselle, âgée de 23 ans. Désiré et Hortense ont un fils, appelé Georges (1879-1931).

Le 23 mars 1898, à neuf heures du matin, Joseph Sclifet, 43 ans, garde champêtre et Joachim Cornil, 70 ans, tous deux voisins de Désiré, annoncent à l’officier de l’état civil de Maurage que celui-ci y est décédé la veille, le 22 mars 1898, vers 17h30, dans la section des Braicheux. Il était âgé de 49 ans. Son père, Louis, est à cette époque encore vivant, mais sa mère est déjà décédée. Son épouse, quant à elle, décède le 13 décembre 1930 à Maurage, âgée de 76 ans. On peut l’apercevoir seule sur la photo du mariage de son petit-fils Désiré Druenne (1904-1950), le 13 avril 1929.