Archive de l’étiquette Lettres

F… Franc-maçonnerie

Si la branche de Druenne dont je suis issu a longtemps, à ma connaissance, conservé une foi catholique assez « traditionnelle », Désiré Druenne semble avoir été le seul à s’approcher de la franc-maçonnerie. Je me suis intéressé ici à l’histoire qui le lie à ce mouvement philosophique.

Tout a commencé le 7 décembre 2016. Ce jour-là, mon attention est attirée par un message envoyé via le formulaire de contact de ce site : un homme me contactait au sujet d’un certain Marcel Hecq, poète wallon du XXème siècle et ami de mon arrière-grand-père Désiré Druenne (j’en parle ici) et dont il était question dans cet article. L’objet : en savoir plus sur ce Marcel Hecq.

Lucien, Marcel et Désiré

Marcel avait été un Franc-Maçon engagé et avait participé à la fondation de la loge Union et Charité Georges Pirson à l’Orient de La Louvière, en Belgique. Initié à la loge La Charité à l’Orient de Charleroi, c’est en 1938 qu’il s’est affilié à l’Orient de La Louvière. Marcel et Désiré étaient amis avec Lucien Dufrasnes, initié à la Respectable Loge La Parfaite Union à l’Orient de Mons en 1930 et affilié lui aussi à la loge Union et Charité Georges Pirson de La Louvière le 3 janvier 1935 – il en fut d’ailleurs le Grand Maître de 1945 à 1947.

Marcel et Désiré étaient des amis d’enfance. Ils semblent s’être rencontrés à l’école communale de Maurage, dont j’ai parlé dans cet article. Leurs lettres, échangées pendant plusieurs années, font état d’une belle amitié parfois complexe et pleine de malice. Elles devaient avoir beaucoup de valeur aux yeux de Désiré, car elles sont pratiquement les seules qui aient été conservées de ce côté de la famille. Écrites lorsque Marcel et lui étaient adolescents, elles contiennent notamment un portrait de Désiré et un poème écrit de la main de Lucien, qui était manifestement à l’école avec eux.

On peut supposer qu’une telle compagnie a pu donner des idées au jeune Désiré. Les lettres de Marcel mentionnent même certaines expressions caractéristiques de la franc-maçonnerie d’après-guerre : mots-clés, réunions secrètes, etc. Toute sa vie, Désiré fréquente des écoles non-catholiques : après l’école communale de Maurage, il fera des études supérieuses à l’Institut Supérieur de Commerce de Mons (actuellement UMons). Pourtant, rien n’indique que Désiré ait un jour prononcé un quelconque engagement franc-maçon. Bien au contraire : après son service militaire (vers 1927) et son mariage (en 1929), il semble être revenu à une foi catholique plus « conventionnelle ». Ses amis, cependant, continuèrent à s’engager profondément dans leur nouvelle loge de La Louvière, ainsi que dans le milieu artistique. En 1925 déjà, Lucien publiait Pantaléon : comédie en un acte (Verviers, l’Avant-Poste), alors que Marcel se lançait, dès ses dix-huit ans, dans la poésie wallonne.

C… Courrier

Aujourd’hui bien désuète, l’habitude qu’avaient les générations qui m’ont précédé d’envoyer une grande quantité de courrier était profondément ancrée dans leur quotidien. En témoignent les tas de lettres diverses qui furent conservées dans ma famille ; si la plupart de celles issues de la famille Druenne ont disparu lors d’un déménagement en 2000, beaucoup de celles de la famille Reul, ou plutôt Duquesne, du nom de la maman de ma grand-mère paternelle, sont parvenues jusqu’à moi. Quelques-unes cependant ont survécu des autres côtés de ma famille, dont voici quelques exemples.

Regroupées pêle-mêle dans une boîte à chaussures, les lettres Duquesne n’ont pas encore fait l’objet d’une analyse approfondie. Si la plupart d’entre elles ne m’apprendront rien sur ma famille ou n’évoqueront rien pour moi, étant donné qu’il s’agit des lettres reçues, et non envoyées par mon arrière-grand-mère, quelques-unes permettront sans doute de lever un coin de voile sur la personnalité de celle-ci, décédée en 1997. Pour le savoir, il me faudra d’abord passer des heures à décortiquer chacune de ces lettres : affaire à suivre.

Peu nombreuses et peu informatrices mais constituant de mignons souvenirs, une série de lettres de voeux du début du XXème siècle ont survécu. Écrites par Désiré Druenne, son épouse Anna Briquet, leur fils Jacques Druenne ou encore certains de leurs cousins, les lire donne une intéressante idée de la relation qu’entretenaient à cette époque les jeunes enfants avec leurs parents.

De nombreux petits mots, écrits à la hâte sur un carton nominatif, ont étrangement échappé à la poubelle pendant plusieurs dizaines d’années : sales, illisibles ou incompréhensibles, parfois résumés à un seul mot, le hasard a voulu qu’ils continuent, aujourd’hui encore, à faire peser une partie du mystère qui entoure nos ancêtres.

Plusieurs lettres, dont j’ai déjà parlé sur ce site, font état des relations pour le moins tendues entre Désiré Druenne et son beau-père Émile Briquet au sujet de la modernisation des Éts. Briquet-Romain. Ne manquant pas de s’insulter l’un l’autre, tous deux s’opposaient sur l’achat de nouvelles machines plutôt que la réparation des machines existantes.

Certaines lettres, par ailleurs, piquent particulièrement ma curiosité : ce sont celles qui parlent de généalogie. De lointains cousins, que parfois je ne connais même pas, ont par le passé écrit à certains de mes ancêtres pour leur poser des questions au sujet de leur famille. Lorsque cela est possible, je m’empresse de contacter ces personnes, dans l’espoir qu’elles soient encore en vie ; bien souvent cependant, mes messages restent sans réponse.

Certains documents, dont j’ai déjà parlé, ne cessent de retenir mon attention ; je me contenterai ici de les mentionner. Parmi eux se trouve bien évidemment la fameuse lettre d’amour de mon ancêtre Désiré Druenne (env. 1870) ou encore les nombreuses lettres envoyées par Marcel Hecq, futur poète wallon, à son ami Désiré Druenne (pas le même qu’au-dessus : un autre !) au cours de leur jeunesse (1915-1921).

Voilà donc un rapide tour des principales « collections » de lettres que le hasard ou la folie conservatrice de certains ont fait parvenir jusqu’à moi. Des tas d’informations restent à y découvrir, par de longues et patientes lectures, relectures et comparaisons : il ne tient qu’à moi de les découvrir !

M… Mémoire familiale

La mémoire familiale est sans nul doute ce que nous, généalogistes, ayons de plus précieux. La reconstitution de la mémoire familiale perdue n’est-elle pas l’objectif et la nature de la généalogie ? Simplifions alors la tâche de nos successeurs en consignant précieusement la mémoire familiale. Il ne s’agit pas de tout garder… Mais de bien garder.

Que garder ?

Les dessins des enfants, les plus belles photos, des lettres,… Les possibilités sont nombreuses. L’important est qu’en tombant sur chacun de ces morceaux d’histoire, le généalogiste du 22ème siècle puisse comprendre, si pas tous les détails et les origines de ce qu’il tient entre ses mains, au moins situer les éléments principaux du contexte. Bref : une jolie photo parlera mieux qu’un ticket de cinéma sans autre inscription qu’une date.

Dans quelle mesure ?

Multiplier les archives, c’est multiplier les chances qu’elles soient éliminées par facilité ou par manque de place lors d’un éventuel futur déménagement. Il importe de garder un volume d’archives gérable et qui reste, autant que possible, mis en valeur : une caisse abîmée et poussiéreuse dans un grenier risque beaucoup plus de se retrouver à la poubelle qu’une jolie bibliothèque bien entretenue ! Ainsi, un tri est nécessaire. Nul besoin de conserver une photo floue, pas plus qu’un paysage qui n’évoquera rien pour nos descendants.

Sur quel support ?

Multiplier les supports, c’est multiplier les chances de conserver les documents en cas d’accident. Scanner les photos et autres documents permettra de les consulter plus rapidement, de les classer de manière intelligente et de les démultiplier à l’infini ; à l’inverse, imprimer les plus jolies photos récentes permettra d’en garder une trace en cas de perte de données informatiques.

Écrire

Enfin, le plus important à mes yeux, et le plus précieux pour nos successeurs, ce sont les traces écrites que nous laisserons. Écrivons, racontons, laissons des traces de ce que nous vivons dans notre famille ! Racontons les bêtises des enfants, les réunions de famille mémorables, la manière dont nous vivons et la société que nous voyons autour de nous : ces histoires seront des perles dans le futur !

Longue vie à la mémoire familiale !

L… Lettres

Jusqu’il y a quelques jours, je pensais écrire encore une fois sur la fameuse lettre d’amour d’un de mes ancêtres à sa future épouse. Puis, j’ai réalisé qu’il y a en fait bien d’autres lettres dans les archives familiales, qui méritent tout autant d’attention que celle-là malgré leur moins grande ancienneté. Petit tour de l’archiviste.

LES LETTRES DE MARCEL HECQ

Peut-être les plus wallons d’entre mes lecteurs connaissent-ils Marcel Hecq (1903-1950). Il s’agit d’un poète de la première moitié du vingtième siècle qui fut, sans doute depuis l’école primaire, un ami de mon arrière-grand-père Désiré Druenne. Il a principalement écrit en wallon. Sont restées dans les archives familiales un joli paquet de lettres écrites de sa main entre 1919 et 1921, soit au cours de ses études à l’école normale de Mons. Il y raconte sa vie quotidienne et y demande des nouvelles de son ami Désiré qui, manifestement, ne lui écrivait pas autant qu’attendu. Parfois, Marcel joint à ses lettres l’un ou l’autre poème, de lui ou de son ami Lucien Dufrasne, poète, auteur et musicien du Borinage. Les lettres parlent de famille, d’école, d’histoires, de randonnées en nature et, parfois, d’amour. Le ton est parfois tranquille, parfois colérique, parfois poétique ou encore triste. Une lecture passionnante !

DR008.002.06a-resized

LA LETTRE EN ANGLAIS

J’ai retrouvé quelque part une lettre datée du 16 mai 1925 et écrite à La Louvière. Rédigée en anglais, la signature en est presque illisible : G. Grimme, ou un nom semblable. Qui était cet homme ? Qui était cette « Dear Mademoiselle » à qui il s’adresse si poliment, s’enquérant de son absence à « la leçon de jeudi » ? Difficile à dire. Il est possible que la lettre ait été adressée à mon arrière-grand-mère, Anna Briquet, à cette époque encore célibataire. Peut-être un prétendant ? Pourquoi en anglais ?

LES LETTRES DE VOEUX

De nombreuses lettres de vœux, dont les auteurs sont variés, se sont accumulées avec les années dans les archives familiales : l’une, écrite à l’occasion du nouvel an 1913, est signée de la main de Denise Somville, dont il me faut encore découvrir l’identité. Une autre, de 1909, est écrite par Ida Conreur, une lointaine cousine. Une troisième vient d’André Wanty, futur directeur de l’entreprise de travaux publics éponyme, mais de 1949 cette fois. Le même avait déjà écrit en 1941 et en 1944 à mon grand-père et ses parents Désiré Druenne et Anna Briquet.

De toutes ces lettres, les plus attendrissantes sont certainement celles écrites le premier jour de l’an 1912 et 1913 par mon arrière-grand-mère Anna Briquet. Voici une retranscription de la version 1912, alors qu’elle était âgée de 7 ans :

Cher Papa, chère Maman,

Recevez en ce jour les meilleurs souhaits que je forme pour votre bonheur.

Cher Papa, sois heureux, toi qui travailles pour moi depuis le matin jusqu’au soir.

Sois heureuse, chère Maman, toi qui ne songes qu’à ta petite fille, toi qui pleures quand elle est triste et qui se réjouis de sa joie.

Je vous promets d’être toujours bien sage et de ne jamais vous faire de peine.

Bonne année et bonne santé et mille baisers.

De votre enfant qui vous chérit,

Anna

Lobbes, le 1er janvier 1912

Je possède encore d’autres lettres, mais j’en garde pour d’autres articles. D’ici-là, bonne lecture avec le Challenge AZ !