Origines

Origines géographiques

La famille Druesne est originaire d’une région d’environ 1400 km2 délimitée par les villes de Valenciennes, Maubeuge, Saint-Quentin et Cambrai, dans le Nord de la France. Les ancêtres de 97,5% des Druesne connus sont issus de cette région. Les Druesne descendent ainsi vraisemblablement des Nerviens, « le dernier peuple des Gaules qui combattit longtemps et parfois avec succès, contre Jules César et ses légions romaines, pour la défense de l’indépendance gallo-germanique »[1]. Ceux-ci parlaient germanique et celtique et avaient pour capitale Bagacum (Bavay) puis Camaracum (Cambrai)[2].

Entre l’Avesnois et le Cambrésis, région de développement original de la famille Druesne. Les losanges de couleur marquent les emplacements des sept communes d’où sont originaires les ancêtres de la large majorité des Druesne connus. La pastille circulaire marque l’emplacement de Ruesnes, et la chaussée romaine Bavay-Beauvais est l’importante route traversant la carte de nord-est en sud-ouest (carte issue de l’Institut géographique national de France).

Origine étymologique

1. De Ruesnes, celui qui vient de Ruesnes

Ruesnes dans les albums de Croÿ

Selon plusieurs auteurs[3], « Druesne » est simplement une contraction de « de Ruesnes », Ruesnes étant une petite commune du Cambrésis, entre Maubeuge et Valenciennes[4]. Cela signifie-t-il que les premiers Druesne auraient été nobles à une époque très reculée ? Pas forcément : au Moyen-Âge, lorsque ce patronyme apparut, porter un nom à particule n’était aucunement une preuve de noblesse. Beaucoup de roturiers possédaient une particule, et, inversement, certains nobles n’en disposaient pas[5]. Selon cette hypothèse, « Druesne » qualifierait donc, à l’origine, « celui qui vient de Ruesnes ».

Cependant, l’hypothèse d’une origine noble n’est pas à écarter pour autant : il est probable qu’une partie des seigneurs de Ruesnes ait fini par s’appauvrir par héritages successifs, retournant peu à peu au travail de la terre et perdant de facto leur statut de noblesse – mais pas leur nom, qui sera peu à peu transformé au gré des générations.

Au-delà de cette étymologie, que nous apprend ce patronyme sur l’histoire de la famille ? Deux hypothèses peuvent être avancées, toutes deux en lien avec la petite commune de Ruesnes.

2. Ruesnes

Comme la plupart des communes ayant bercé le développement de la famille Druesne, Ruesnes se trouve dans le département du Nord. La commune a une superficie de 6,75 km2 et ses habitants, les Ruesnois, se comptaient à 428 en 2018. Il s’agit donc d’une petite commune, dont les communes limitrophes sont Villers-Pol au nord-est, Le Quesnoy au sud-est, Beaudignies au sud, Bermerain et Capelle au sud-ouest et Sepmeries au nord-ouest. Les cultures ordinaires de Ruesnes étaient principalement le blé, l’orge, l’avoine, le colza, les fèves et un peu de houblon. La seule industrie du village était l’agriculture, et un moulin à blé se trouvait sur son territoire[6].

Situation de Ruesnes, entre Valenciennes (13 km), Maubeuge (31 km) et Cambrai (29 km)

Le village est désigné sous les noms Roesne en 1186, Roingnes en 1218, Ruonne en 1243, Reuennes en 1327, Rœsne en 1348, puis Ruesne et Ruesnes[7]. Une paroisse existait déjà à Ruesnes en 1074[8], bien que la première cloche ne fût fondue qu’en 1537[9]. L’occupation ancienne du territoire de la commune est attestée par de nombreuses découvertes archéologiques : en 1788, au lieu-dit Les Courtieux, fut découvert un souterrain voûté qui passait sous les étangs d’une propriété particulière et communiquait avec le conduit surnommé « Caves Marie-Louise ». Il s’agissait probablement d’un reste d’une construction romaine. Le château actuel aurait de même été bâti sur les fondations d’un ancien édifice datant probablement de l’époque romaine[10]. En 1813, toujours aux Courtieux, sont également trouvés des restes importants de fondations romaines. En 1827 sont mis au jour des fondations avec pavements, des monnaies de César et d’Antoine ou Antonin et des tombeaux. Des restes d’un aqueduc romain ont aussi été découverts. Il est probable que l’ancien Hermoniacum, que l’on pense avoir existé vers le Quesnoy et Vendegies-sur-Écaillon, se soit trouvé sur le territoire de Ruesnes. La voie romaine reliant Bavay à Cambrai passe à proximité du village[11].

Le château de Ruesnes ne nous offre que des restes, bien maigres hélas, d'un passé qui, dit-on, fut brillant. Sans doute, il n'apparaît pas que, comme le château fort de Potelle, il ait été le témoin de faits historiques, ni même qu'il ait appartenu à des seigneurs de haut lignage, – cependant la porte charretière qui donne accès à la métairie est surmontée d'une pierre à blason mutilé, ornée d'une gracieuse coquille et qui porte la date de 1695. Et la tour carrée, qui se dresse encore, fière et trapue au milieu de la cour de ferme, présente l'aspect, à sa base, d'un solide rempart pour se terminer par un toit pointu d'ardoises lustrées d'où s'échappent des vols de pigeons. Le château proprement dit subsiste au milieu d'une prairie et montre des constructions en briques et pierres blanches assez bien conservées mais sans aucun caractère monumental et d'un XVIIIe siècle très mitigé. L'intérieur absolument délabré depuis la dernière guerre nous montre néanmoins un vestibule ovale de forme élégante et les débris, d'une grande salle à pilastre de stuc, dont les boiseries absentes ont été dispersées après la dévastation de 1918. C'était en somme une belle et riche habitation de plaisance, n'ayant rien du manoir moyenâgeux, édifiée dans un site que la main de l'homme a dû contribuer largement à embellir. La vue des fenêtres du château donne, d'un côté, sur le fin clocher de la vieille église proche et sur une pièce d'eau asséchée ; de l'autre, sur un parc transformé en prairie, qui devait s'étendre loin dans la campagne environnante. Si nous en croyons Mme Clément Hémery dans ses « Promenades dans l'Arrondissement d'Avesnes », ce fut autrefois un lieu de délices et les propriétaires de cet heureux domaine avaient réussi, à force d'ingéniosité et de travail, à transformer ce coin de plaine assez banal en un site pittoresque où l'on pourrait évoquer la « Carte du Tendre ». Et de fait, il semble que cet auteur n'ait pas trop forcé la note car en nous promenant parmi les herbes folles de ce que fut le parc, aux frondaisons aujourd'hui absentes nous rencontrons des colonnes tronquées, des socles veufs de leurs statues, des rocailles, des vestiges de tour et de rochers artificiels, des canaux aux trois quarts comblés, des bassins de marbre sous les arbustes envahissants... Et nous pouvons, en imagination, revivre le charme de ce plaisant séjour, au passé jadis brillant, avec son lac d'Amour, ses Bosquets de la Mélancolie, sa Montagne de la Solitude, sa tour de ma Sœur Anne, sa grotte de Calypso où abordaient sur de frêles esquifs, sous des rideaux de vigne vierge, des personnages à la Watteau, attirés vers une nouvelle Cythère...
Société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes
1934

Le château de Ruesnes en 1914

3. Hypothèses

3.1. La légende : la roue des Vendegies

Nobles ou non, les Druesne ne manquent pas, par la composition même de leur patronyme, d’avoir une histoire intimement liée à celle de Ruesnes et de ses seigneurs. Les premiers seigneurs de Ruesnes, chevaliers de longue date, étaient issus de ceux de Vendegies, vassaux du Comte de Hollande. Les Vendegies étant armés d’or à la roüe de gueulle de six rais (c’est-à-dire d’une roue rouge de six rayons sur fond jaune), le Carpentier, historien cambrésien du 17ème siècle, affirme que ce serait par volonté de se faire connaître par un nom qui « eût quelque rapport avec leurs armes » que certains seigneurs de Vendegies décidèrent de porter le surnom « Roüenne », ou « Ruenne », en référence à la roue visible sur leur écu[14]. Il semble que le premier d’entre eux à s’être fait appeler de la sorte soit le chevalier Gérard (Géraud) de Vendegies, qui s’était déjà fait connaître en 1091[15]. Celui-ci aurait donc été, en quelque sorte, le premier « de Ruesnes » dont l’Histoire ait gardé le souvenir. Ce n’est qu’un siècle plus tard que le village de Ruesnes est mentionné pour la première fois sous le nom sous le nom de « Roesne »[16] (1186), sur un territoire habité depuis l’époque romaine[17].

Les armes de Vendegies : d’or à la roüe de gueulle de six rais (Wikimedia Commons)

Si cette première hypothèse est séduisante, rien ne prouve cependant qu’elle soit vraie. Nul ne sait si un tel document du 11ème siècle mentionnant Gérard de Vendegies a existé ou s’il existe encore de nos jours. De plus, certaines incohérences viennent renforcer le doute face à ce récit : la roue des seigneurs de Vendegies ne semble avoir fait apparition dans la région que plus tard, vers le 14ème siècle, comme on le verra ci-dessous. Par ailleurs, il aurait été absolument exceptionnel qu’une famille donne son nom à un village, plutôt que l’inverse.

3.2. L’hypothèse historique

Sans faire remonter l’origine de la famille à Gérard de Vendegies, une autre hypothèse, issue de Stéphane de Wolf, remet en question la validité de la première : aucune source antérieure au 17ème siècle ne vient en effet soutenir celle-ci, comme cela a été mentionné plus haut. Dès lors, une étude approfondie laisse envisager la possibilité qu’aux alentours de l’an 1300, un individu du nom de Spierinck, descendant de la très ancienne famille des seigneurs de Heusden, dans le sud des Pays-Bas actuels, ait reçu la seigneurie de Vendegies de son suzerain le Comte de Hollande (qui était aussi Comte de Hainaut). On trouve d’ailleurs les armes des seigneurs de Vendegies dans l’Armorial Équestre de la Toison d’Or et dans l’Armorial Beyeren. La maison de Heusden était une très ancienne et noble famille : la tradition la fait remonter à l’an 800, l’on trouve des documents (chartes) la mentionnant dès l’an 1100. La famille Spierinck était issue du deuxième fils de Jean de Heusden, appelé Walter[18], qui vécut vers 1180.

Armes de Heusden

À cette époque, la maison de Heusden (Pays-Bas) est ébranlée psychologiquement et patrimonialement : le pays de Heusden passe des mains du duc de Brabant à celles du Comte de Hollande, après une guerre et l’intervention de l’empereur germanique et du roi de France. Pour le prix de la paix, la famille Heusden disparait de toute fonction étatique. Les Drongelen, une autre famille issue de la maison de Heusden, ne sont plus maîtres chez eux, et reçoivent en échange les seigneuries de Eethen et de Meeuwen, ainsi que la fonction temporaire de bailli de Hollande méridionale. La famille Spierinck conserve ou reçoit les seigneuries de Well et de Aalburg et probablement Vendegies, pour un cadet. Par la suite, le nom Spierinck fut peu à peu francisé en « Piérin »[19], puis délaissé au profit du nom « de Vendegies », alors que la famille conservait les armes de ses ancêtres hollandais.

Ces « nouveaux seigneurs de Vendegies » n’auraient donc rien à voir avec leurs prédécesseurs du même nom, la seigneurie de ces derniers étant probablement tombée en quenouille faute d’héritiers[20]. Ces seigneurs de Vendegies étant aussi seigneurs de Ruesnes, certains d’enre eux se firent appeler « de Ruesnes », selon la coutume qui consistait à adjoindre au nom des nobles celui de leur(s) seigneurie(s). Ainsi apparut une branche « Ruesnes-Vendegies ». Selon Pierre-Théodore Virlet d’Aoust[21], les héritiers de cette dernière se seraient éteints au 19ème siècle lors du décès de Marie Thérèse Augustine de Ruesnes et de Vendegies, bien que cela reste à prouver (voir p. 85). Les Druesne vivants aujourd’hui ne sont donc aucunement héritiers d’une seigneurie perdue, même si un lien de parenté n’est pas complètement à exclure.

Armes de Vandegies « dite de Ruenne », dans le volume X des Recueils de généalogies, fraguements, notes et épitaphes des provinces du Nord, par Casimir de Sars de Solmont

Une confusion à éviter

Il est important de bien distinguer l’histoire de la famille Druesne contemporaine de l’histoire du nom de famille « Druesne ». En effet, si la deuxième inclut de facto l’histoire des seigneurs de Ruesnes, on ne peut avec certitude en dire autant de la première. Il se pourrait en effet qu’aucun lien de parenté n’existe entre les deux.

Variations orthographiques

1. Histoire des noms de famille

Autrefois non nécessaire en raison de la faible démographie européenne, la distinction des homonymes au moyen de surnoms se répandit dès le 10ème siècle, en plein essor démographique et commercial[22]. Ces surnoms pouvaient alors correspondre à un lieu d’origine, un métier, ou à une particularité physique ou morale[23]. Au cours du Moyen-Âge, cet usage se généralise peu à peu, principalement au sein des familles aristocratiques ; il s’agit alors souvent, à défaut des origines citées, au nom d’un fief, d’un titre militaire ou de l’exploit d’un ancêtre. Ce surnom pouvait changer au cours de la vie, et si l’habitude de le transmettre de manière héréditaire se généralisa peu à peu[24], des changements étaient alors tout à fait acceptables[25].

Au 14ème siècle, la population française devient assez importante pour que l’usage des patronymes héréditaires s’y généralise. On retrouve alors quatre grandes catégories de noms[26] :

  • Le nom rappelant la filiation (Jean, fils de Martin devenu Jean Martin, Robert, fils de Pierre devenu Robespierre) ;
  • Le nom qui renvoie au lieu de résidence, de provenance ou de proximité (Dupont, Duval, Dubois), qui peut exprimer l’origine de la personne ou être simple allusion à un voyage d’affaires) ;
  • Le nom de métier (Lemarchand, Boucher, Pelletier, Sabatier, Tisserand, Dufour, Favre), de statut (Chevalier, Lenoble, Lécuyer) ou de charge administrative (Sergent, Prévost, Lemaire) ;
  • Le sobriquet lié au physique ou au caractère (Legrand, Leroux, Boiteux, Legros, Lebœuf, Joly ; Le Gentil, Mignon, Courtois, Lesage, Lebon, sobriquets en apparence flatteurs mais souvent moqueurs par antiphrase), à la parenté (Legendre, Beaufils, Cousin, Deloncle, Neveu, Lainé)[27]. Il arrive fréquemment que le nom du père soit familièrement transformé en diminutif (Jean en Janet, Jeannin, Hanin ; Simon en Simonin, Simenon, Monet ou Monnot, etc.), devenant le surnom d’un fils qui le transmet à sa descendance[28].

Les changements de nom devinrent progressivement de plus en plus rares et réglementés. Dès la fin du 15ème siècle, seul le roi autorisait les changements de noms[29]. En 1539, le roi François Ier promulgue l’ordonnance de Villers-Cotterêts[30] qui impose l’obligation d’inscrire dans un registre relié, coté, paraphé, et tenu en double, tous les actes de baptême, de mariage et de sépulture. Elle en charge le curé dans chaque paroisse, ce qui n’a rien d’étonnant à une époque où le clergé est un élément constitutif de la fonction publique de l’État, celle des clercs qui savent écrire. Cette ordonnance généralise l’enregistrement par écrit des noms de famille et tend à en fixer l’orthographe[31]. Après cette date, si des transformations patronymiques majeures sont rares, des modifications mineures se produisent encore régulièrement, en raison d’erreurs de recopiage et des faibles niveaux d’éducation.

2. De « de Ruesnes » à Druesne et Druenne, en passant par Druëne

Ainsi, de nombreuses variations orthographiques existent pour le nom « Druesne ». Il n’est pas rare que ce patronyme soit orthographié de manières différentes dans différents documents relatifs à une même personne, voire même au sein d’un même document pour désigner deux Druesne pourtant membres de la même famille.

Dans cet acte du 14 avril 1847 à Maurage, Désiré Druenne et son père Benoît ont orthographié leurs noms différemment

Différentes orthographes du même nom de famille pouvaient donc coexister, aller et venir dans la vie d’un individu, comme le démontrent ces différentes signatures du même Benoit Druenne, faites à plusieurs moments de sa vie.

Le tableau ci-dessous synthétise les orthographes les plus courantes du nom « Druesne », ainsi que les différentes transformations qui leur ont donné naissance.

Il est à noter que l’on trouve aussi ce nom orthographié Druin (voir plus loin), Druine, Druinne[32], de Ruine, Drienne, Druen, Druhen[33], Drugen, Desruennes, Druemme, Druëne, Druène, etc.[34].

3. Une différenciation difficile : des familles proches

Il est parfois difficile de savoir si des noms similaires sont issus de la même famille ou non, comme dans le cas des Druine[35] ou des « de Roeulx ».

3.1. Les de Roeulx et les de Ruesnes

L’ancien blason de la ville de Roeulx, dans le département du Nord, était semblable à celui des seigneurs de Heusden et de Vendegies (la roue contient ici huit rayons, plutôt que six). Celles-ci furent inspirées du sceau de Hugues, seigneur de Roeulx, qui vivait en 1233. Un acte de 1197 attribue toutefois déjà à Gerardus de Prouvi des armes contenant trois roues d’or. On ignore la nature du lien entre les familles seigneuriales de Roeulx et de Ruesnes ; les historiens contemporains ne font cependant généralement pas de lien entre le nom de Roeulx et la notion de roue, mais en font plutôt un dérivé du germain rode, roede, roote, que l’on peut traduire par défrichement (rodium en latin). La commune de Roeulx aurait en effet été établie sur un terrain défriché « qu’on mit en valeur par la culture »[36].

Certains, cependant, font le lien, comme on peut le voir ci-contre, dans cette gouache des armes de la famille de Roeulx réalisée par Marcel Stiennon[37]. En picard, la langue parlée autrefois dans le Nord, roue se disait reule ; il n’est donc pas complètement impossible que selon le même principe dit « d’armes parlantes », les familles de Roeulx et de Ruesnes soient en fait liées[38].

Roeulx en France n’a cependant a priori rien à voir avec Le Roeulx en Belgique, dans le blason duquel on trouve cependant à nouveau une roue d’or à huit rayons. Le symbole de la roue est courant en héraldique ; sa présence dans ces différentes armes ne peut constituer l’origine d’un lien certain.

Quant aux prénoms familiaux, la tradition proposait jadis de transmettre aux nouveau-nés les prénoms de leurs parrain, marraine ou aïeux. Les mêmes prénoms se trouvaient ainsi répétés au sein d’un même village et de génération en génération. Aux origines de la famille, on trouve principalement les prénoms Gérard, Robert, Guillaume et Jean[39]. Plusieurs siècles plus tard, lorsque la famille se fut répandue à travers le Cambrésis, le prénom Jean-Baptiste était, de loin, le plus porté par les hommes de la famille : parmi les Druesne connus à ce jour, 5,24% portaient ce prénom. Quant aux femmes, une telle tendance est difficile à déceler, les enfants de sexe féminin recevant généralement le prénom de leur marraine, mère ou de l’une de leurs grand-mères. Une liste des prénoms portés par les Druesne connus se trouve ici.

3.2. Les Druin « dits » de Ruesnes

Un généalogiste du nom de Claude Henri Hamoir[40] mentionnait, dans son arbre généalogique en ligne, une certaine Hubine de Ruenne, fille de Jean Druin dit de Ruenne et de Marie del Chereas. Elle aurait été l’épouse d’Adam Gabriel et la mère d’Aïlid Gabriel, cette dernière étant décédée le 24 septembre 1625. Le compte de M. Hamoir ayant été supprimé, il est désormais impossible d’en savoir plus par son intermédiaire. Aucune date supplémentaire, ni aucun lieu n’étant en notre possession, on ne peut savoir si ces informations sont exactes, ni si cette famille est liée à la famille Druesne.

3. Les Druine de Leernes

On trouve dès le 18ème siècle à Leernes[41], dans la province belge du Hainaut, une famille Druine, ou Druinne, dont certains membres sont parfois désignés par le nom « Druenne ». S’il est difficile d’établir avec certitude l’existence ou non d’un lien quelconque entre cette famille et les Druesne du Nord, il n’en reste pas moins que les Druine de Leernes peuvent être considérés au rang des branches « latérales » de la famille Druesne, ne fût-ce que par la similarité (et les occasionnelles confusions) entre les noms. On connaît toutefois peut de choses sur cette famille, les archives en ligne de la commune étant assez lacunaires.

3.3. Les de Resne, de Roesne et autres

Il ne fait aucun doute que plusieurs Druesne, notamment liés aux branches les plus anciennes comme celles de Valenciennes ou de Forest-en-Cambrésis, ont parfois été orthographiés de manières alternatives et progressivement différenciées : de Resne, de Roesne, de Reusmes, de Rosne, de Ronne, Derone, etc. Il serait cependant hâtif d’en conclure que tous les porteurs de ces patronymes sont liés à la famille Druesne. Dans cette étude, ne seront dès lors considérées en profondeur que les branches les plus « centrales » de la famille – celles dont le lien étymologique avec Ruesnes ne fait aucun doute. Les autres, comme les Deroesne de Cornillé en Île-et-Vilaine (35500), ne seront pas inclus dans cet ouvrage. D’autres, avec lesquelles l’hypothèse d’un lien peut vraisemblablement être posée, seront simplement mentionnés.

Il est notamment impossible de savoir si les de Resne apparus dès le début du 17ème siècle à Gibecq, près d’Ath et de Lessines dans le Hainaut belge, ont un lien quelconque avec la famille Druesne. Un lien est certes possible, mais trop peu d’informations existent au sujet de cette très ancienne branche pour qu’il soit possible d’en tirer des conclusions généalogiques quelconques.

Il en va de même pour plusieurs autres familles issues du Hainaut belge à la même époque, telles que les de Rosne de Rumillies, près de Tournai, qui étaient déjà solidement implantés dans leur commune en 1665, ou encore ceux d’Amougies, à 18 kilomètres de Rumillies, dont les racines sont toutefois moins anciennes (1721).

[1] Société de Géographie, « Comptes rendus des séances de la Société de Géographie et de la Commission Centrale », 313.

[2] Wikipédia, « Liste des peuples de la Gaule belgique ».

[3] Germain et Herbillon, Dictionnaire des noms de famille en Wallonie et à Bruxelles; Tosti, « Dictionnaire des noms de famille ».

[4] Seule, Denise Poulet envisage un lien avec la Rhonelle, du nom d’un ruisseau voisin. Voir Poulet, Noms de lieux du Nord-Pas-de-Calais.

[5] Barthélemy, « Les noms de famille sont nés au Moyen Age », 73.

[6] Demeunynck et Devaux, Annuaire statistique du département du Nord, 1838.

[7] Commission historique du département du Nord, Bulletin de la Commission historique du département du Nord, 9:160.

[8] Bontemps, Recueil / Société d’études de la province de Cambrai, 251.

[9] Gagneux, « Ruesnes, village de l’Avesnois ».

[10] Commission historique du département du Nord, Bulletin de la Commission historique du département du Nord, 9:160.

[11] Commission historique du département du Nord, Bulletin de la Commission historique du département du Nord; Demeunynck et Devaux, Annuaire statistique du département du Nord, 1838.

[12] Je ne suis pas encore parvenu à mettre la main sur cet ouvrage.

[13] Société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes, « Bulletin annuel », 16‑17.

[14] Selon les manuscrits de Paris et ceux de Valenciennes (manuscrits de la bibliothèque de Valenciennes, n°526, p. 42), Ruesnes était autrefois orthographié Roesne (1186 et 1348), ce qui est plus proche de la « roue » dont il est ici question. On trouve aussi Roingnes (1218, abbaye de Fémy), Ruonne (1243, cartulaire de Notre-Dame de Condé), Reuennes (1327, deuxième cartulaire du Hainaut) et Ruesne (documents divers). En 1186, Ruesnes était une paroisse du décanat d’Haspres. Voir Benezech, Études sur l’histoire de Haynaut de Jacques de Guyse, 92; Le Carpentier, Histoire Genealogique Des Païs-Bas, Ou Histoire De Cambray, Et Du Cambresis, 3:1051‑52; Virlet d’Aoust, « Fondation de la ville de New-York, en 1623, par une colonie de Flamands avesnois et wallons : Communication de M. P.-Th. Virlet d’Aoust », 312. Voir aussi la section sur Ruesnes dans cet ouvrage.

[15] Le Carpentier, Histoire Genealogique Des Païs-Bas, Ou Histoire De Cambray, Et Du Cambresis, 3:1052; Virlet d’Aoust, « Fondation de la ville de New-York, en 1623, par une colonie de Flamands avesnois et wallons : Communication de M. P.-Th. Virlet d’Aoust », 312; Demeunynck et Devaux, Annuaire statistique du département du Nord, 1838, 40.

[16] « Roesne » est aussi une forme ancienne (1567) du mot « rouanne », désignant un outil semblable au compas dont se servaient les tonneliers pour marquer les tonneaux. Voir La langue française, « Rouanne ».

[17] Demeunynck et Devaux, Annuaire statistique du département du Nord, 1838, 40.

[18] Walterus – Wouter – Gauthier

[19] Selon Le Carpentier, la famille Piérin (Pierinckx) porte de sable à une roue d’or et est issue de la famille « Ruenne-Vendegies » ; il semble donc qu’il se soit trompé, puisque ce serait l’inverse. Il ajoute cependant ce qui suit, semant le doute : « […] l’an 1310, Godefroy de Ruenne furnommé Pierin, Capne de Thun, qui procrea d’Agnes de Saufoy fa femme 4 fils, & une fille nommée Agnes Religieufe à Fontenelle lès Vallencienes. L’aifné des fils nommé Godefroy fut Franc fiefvé de l’Evefché, & ût de Clofcende de Raillencourt fon efpoufe Georges Pierin Efchevin à Cambray l’an 1398, &c. J’ay veu un feel d’un Jean Pierin en une Charte de l’an 1375, qui ne reprefente qu’une fafce, &c. Celuy-cy fe qualifioit Efcuyer, & Bailly de Premont ». Voir Le Carpentier, Histoire genealogique de la noblesse des Païs-Bas, ou Histoire de Cambray, et du Cambresis, 2:882.

[20] Le château féodal de Vendegies-sur-Écaillon, la résidence de ces seigneurs (et des autres familles seigneuriales comme celle de Honnechy, au 13ème siècle), fut détruit en 1340. Un château plus récent y fut plus tard bâti et accueillit les familles seigneuriales plus tardives, notamment les Montmorency-Hornes (16ème siècle), les Gognies (1562) puis les Bonnières (par héritage) et enfin les Bouchelet de Vendegies (1766), qui habitèrent le château jusqu’au 20ème siècle. Vendegies-au-Bois, plus loin, dispose de sa propre histoire dès la fin du Moyen-Âge et eut ses propres familles seigneuriales, y compris celle de la Mouzelle. Voir Duvaux, « La seigneurie de la Mouzelle à Vendegies-au-Bois »; Cambrésis terre d’histoire, « L’armorial du Cambrésis »; Geocaching, « Le Château de Vendegies »; Borel d’Hauterive, Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l’Europe, 12:195.

[21] « Fondation de la ville de New-York, en 1623, par une colonie de Flamands avesnois et wallons : Communication de M. P.-Th. Virlet d’Aoust », 312.

[22] Cellard, Trésors des noms de familles, 14.

[23] Vroonen, Les noms des personnes dans le monde: anthroponymie universelle comparée, 75.

[24] Bernard, Penser la famille au dix-neuvième siècle (1789-1870), 68.

[25] Lefebvre-Teillard, « Le nom propre et la loi ».

[26] Wikipédia, « Nom de famille en France ».

[27] Lapierre, Changer de nom, 31.

[28] Barthélemy, « Les noms de famille sont nés au Moyen Age », 73.

[29] Chéruel, Dictionnaire historique des institutions, moeurs et coutumes de la France, 1:868.

[30] Camet, Les métamorphoses du moi, 12.

[31] Wikipédia, « Nom de famille en France ».

[32] Une étymologie alternative fait du nom Druenne un dérivé du nom « Druinne » plutôt que l’inverse ; mes recherches semblent cependant infirmer cette hypothèse.

[33] La table des naissances des six paroisses de Valenciennes de 1567 à 1699 renvoie Druesne vers Druhen, les deux noms pouvant être prononcés de la même manière. Les Druhen sont assez peu nombreux dans les archives du Nord ; on trouve cependant un certain nombre de Druen. Il est donc possible que ces familles aient un lien avec la famille Druesne – voire même une origine commune.

[34] Germain et Herbillon, Dictionnaire des noms de famille en Wallonie et à Bruxelles, 391; Tosti, « Dictionnaire des noms de famille ».

[35] On trouve à Leernes (Hainaut, Belgique) une famille Druine, à laquelle une section de cet ouvrage est dédiée. On ignore cependant si cette famille est liée aux Druesne.

[36] Ville de Roeulx, « Histoire de la ville ».

[37] Armorial de France, « Roeulx ».

[38] C’est en tout cas l’opinion de Jacques Dulphy, poète picard. Voir l’Armorial de France.

[39] Le Carpentier, Histoire Genealogique Des Païs-Bas, Ou Histoire De Cambray, Et Du Cambresis, 3:1052.

[40] Utilisateur hamoirclh sur Généanet – compte supprimé avant le 31 décembre 2018. Informations partiellement reprises sur le compte Généanet d’Eric de Hults (edehults). Voir de Hults, « Eric de HULTS ».

[41] Leernes est une localité de la commune de Fontaine-l’Evêque.